Marguerite de Saunhac, la dame aux trois maris
C'est la trisaïeule paternelle de Catherine de Montservier, (dont sont reproduites les preuves des huit quartiers d'alliances au chapitre IV), une ancêtre de ma grand-mère Lemerle.
Sa vie est évoquée par l'abbé Poulhès dans son "Histoire de Raulhac" (1907).
C'est la trisaïeule paternelle de Catherine de Montservier, (dont sont reproduites les preuves des huit quartiers d'alliances au chapitre IV), une ancêtre de ma grand-mère Lemerle.
Sa vie est évoquée par l'abbé Poulhès dans son "Histoire de Raulhac" (1907).
Marguerite, fille de Gui de SAUNHAC et de Jacquette de
MONTAMAT, est née en 1550 au château de Messillac, dont elle est l'héritière par sa
mère. Le château existe toujours sur son promontoire dominant le Goul : il
conserve un vieux donjon du Moyen Age et un magnifique escalier.
La forteresse a été remaniée à la Renaisance (vers 1530) par Jean de MONTAMAT, grand père maternel de Marguerite, dont on peut encore de nos jours voir le buste au-dessus de la porte d’entrée .
La forteresse a été remaniée à la Renaisance (vers 1530) par Jean de MONTAMAT, grand père maternel de Marguerite, dont on peut encore de nos jours voir le buste au-dessus de la porte d’entrée .
Marguerite a été tenue sur les fonts baptismaux, le 19 mars 1550, par son oncle Clément de SAUNHAC, seigneur de Belcastel, et sa grand-mère maternelle Marguerite de BEAUCLAIR.
Il semble que Marguerite ait perdu ses parents très jeune, elle est fille unique, et elle se
retrouve assez riche pour faire un mariage d'inclination. A seize ans, elle
épouse, le 11 septembre 1566, noble François du Port, originaire du Quercy. Le
contrat est passé à Messillac devant Jacques COFFINHAL, notaire de
Mur-de-Barrez.
On sait peu de choses de François du Port, mort avant
1574 en laissant quatre filles. Il se signale seulement par quelques actes
notariés. Le 28 décembre 1571, il passe un accord amiable devant Me Etienne de
Monjou, avec Annet de FONTANGES, seigneur de Cropières, qui agit au nom de son
oncle Annet protonotaire: il y avait procès au sujet de patronage et droits
honorifiques, droit de sépulture et litre seigneuriale, dans la chapelle
Notre-Dame de l'église de Raulhac. Le bailliage de Vic a donné raison à
François du PORT, mais le parlement de Paris, à Annet de FONTANGES. C'est
uniquement une question de préséance, l'honneur est sauf, dans l'arrangement:
Annet garde la chapelle et ses droits, mais François du PORT a droit d'y faire
dire des messes (AD 15 263 F 29 pièce 38 cité in« Famille de Fontanges» de
Claude Grimmer).
Le veuvage de Marguerite fut de courte durée. Le 5
septembre 1574, elle épouse par contrat reçu par Salvages, passé au château de
Caillac, Charles de BARBEZIÈRES seigneur dudit lieu et de Boisbreton, écuyer
des écuries de la reine et capitaine d'une vieille compagnie de gens à pied.
Assistent au contrat noble Jean de DIENNE, chevalier de l'ordre du roi, Antoine
de CABANNES, sieur de la Servière, Jean OUVRIER, sieur de la Morèze. ( Arch. de
Messillac. D'après abbé Poulhès «Le vieux Raulhac» II, p. 120 )
En 1577, le duc d'Anjou, frère du roi, a fait reculer
les protestants du capitaine MERLE qui ont quitté la Basse Auvergne :
Issoire a été reprise, rasée, anéantie. Charles de BARBEZIERES, qui combat aux
côtés de la noblesse catholique fidèle au roi, tombe dans une embuscade au
cours de l’été 1577.
Près de Thiézac, s'ouvre le passage difficile des
gorges où les catholiques, cachés et dispersés dans la montagne attaquent les
protestants. MERLE, fin stratège, ne voit d'issue que dans la fuite, il
ordonne de couper les attelages, d'abandonner le convoi et de fuir. Mais en
dix ans de guerre, il a appris à connaître les hommes: sorti du défilé, il
ordonne de faire demi-tour, certain de retrouver les ennemis regroupés,
occupés à s'enivrer et à se servir, sans poursuivre leur avantage: ce fut un
massacre des catholiques, commandés par le sieur de Neyrebrousse (Charles de
BREZONS capitaine gouverneur du château de Murat) : les sieurs de
Plaignes (Pierre de RIBIER), de Roussières, de Fontanges, de Messillac (Charles de BARBEZIERES) sont tués.
|
Marguerite de Saunhac, dame de Messillac, de nouveau
veuve est un beau parti. C'est, dit-on, le baron François-Robert de LIGNERAC, bailli et
lieutenant du roi en Haute Auvergne, gouverneur d'Aurillac qui lui présente Raymond CHAPT de
Rastignac. Celui-ci est un vaillant capitaine. De Thou parle de son infatigable
courage, «vir indefessae virtutis» mais sa réputation est sulfureuse.
«On souloit l'appeler le comte Raymond par sobriquet, car c'est un cadet de la
maison de Rastignac en Périgord. Il a commis en sa jeunesse, infinis excès
contre la justice pour lesquels il auroit été condamné en effigie aux Grands
Jours tenus à Périgueux, dont il auroit obtenu une abolition générale par la
faveur du duc de Guise, qui l'auroit, par là, acquis son très-affectionné
serviteur (Mémoires du président de Vernyes en 1593 p.67).»
Le troisième mariage est conclu par contrat devant
Etienne de Montjou, notaire de Raulhac, le 16 août 1579.
1579, la guerre civile reprend de plus belle, après
une sixième trêve. LIGNERAC et les seigneurs auvergnats ont adhéré en nombre à
la Ligue, mais Rastignac n'a pas suivi son protecteur. Persuadé que le parti du
roi est le plus assuré, le plus honnête et le plus riche, il soutient la cause
catholique contre les protestants et contre les ligueurs. Il est appelé partout
où une ville est assiégée, Mur de Barrez, Aurillac, Entraygues où il est blessé
en 1588, au cours d'un siège de 12 jours.
Marguerite de SAUNHAC voit alors les combattants,
débarquer au château où vient se réfugier
blessé Jean de DIENNE, qui fut témoin de son second mariage. Il a été
atteint d'un coup d'arquebuse devant Mur-de-Barrez et meurt à Messillac le 4
août 1580, cinq jours après.
Messillac est à 20 km de Carlat où la reine Margot
s'est réfugiée pendant l'hiver 1585-86, dans ce pays où «elle est allée trouver
les muletiers et les chaudronniers», d‘après Henri III dans le Divorce
satyrique. La reine est arrivée en piteux équipage, venant d'Agen, avec
LIGNERAC qui lui a fait connaître ses amis de Messillac.
A cette époque mouvementée, les salons de Messillac
s'ouvrent aussi aux dames et Marguerite de SAUNHAC sait faire preuve d'autorité
pour calmer les esprits, elle en conservera une réputation d'arbitre et soutiendra
ainsi la carrière politique de son époux.
Le 22 avril 1589 Raymont Chapt de Rastignac est nommé
gouverneur de la Haute Auvergne, puis bailli en 1593 par le roi Henri IV, en
récompense des services rendus.
Il ramène la paix dans la prévôté de Mauriac en
traitant à Salers avec les ligueurs LIGNERAC et DRUGEAC, le 5 septembre 1590,
pour une alliance contre les protestants encore menaçants; il promet de remplacer les châteaux
détruits et fortifie l'église de Pleaux.
A Maurs, pour ramener l'ordre, ne s'y retrouvant pas
dans les explications des capitaines qui se disputent la ville et dont on ne
sait même plus de quel camp ils sont, il utilise le jugement de Dieu pour
savoir qui a tort. Un duel en décide le 22 septembre 1591.
Trois
prévôtés sur les quatre de Haute Auvergne ont retrouvé la paix. Reste
Saint-Flour où les troubles recommencent dès qu'il a le dos tourné. Les
soldats impayés se mutinent. Messillac en vient à faire l'avance de la solde,
10.000 écus! Il avait déjà dû ajourner un voyage à Nevers, où Henri IV
recrute dans sa guerre contre les espagnols. Les archives municipales de
Saint-Flour conservent la correspondance où il admoneste les députés.
|
Son action s'est étendue hors de la Haute Auvergne. La
riche Limagne n'en peut plus de nourrir ces troupes de 4 à 500 cuirasses et
arquebusiers qui vivent sur le dos des paysans. Le 14 mars 1590, Raymond est à la
bataille de Cros-Roland où il a acheminé quatre canons depuis Aurillac et on
rapporte que, sans lui, qui fait preuve d'humanité disant: «Amis, nous sommes
tous des auvergnats, ne nous tuons pas les uns, les autres!», le carnage dans
les rangs des ligueurs eût été plus grand.
Messillac sera fait chevalier du Saint-Esprit en 1594,
sans en recevoir l'ordre. Le troisième sieur de Messillac, pas plus heureux que
les précédents, est tué le 26 janvier 1596, d'un coup de fauconneau, au siège
de la Fère où il vient d'être reçu en audience par le roi.
Le corps embaumé fut ramené à Paris, fermé dans un
cercueil de plomb pour continuer jusqu'à Aurillac où il arriva le 13 février.
Les funérailles eurent lieu le 26 en la chapelle St Nicolas de l'église
paroissiale, en grande sollenité.
Voir le lien :
Raymond de Rastignac-Armorial général de France d'Hozier
Voir le lien :
Raymond de Rastignac-Armorial général de France d'Hozier
Marguerite de SAUNHAC est veuve pour la troisième fois,
elle est à la tête d'une jolie fortune et d'une grande famille. Elle a eu 15
enfants dont cinq sont morts en bas âge. Les six premières filles ne posent pas
de problème, elles se marient jeunes, toutes bien dotées. Les 4 garçons CHAPT
vont lui causer plus de soucis.
Avant même d'être veuve, Marguerite a pris en mains
l'administration des biens. Autour de Messillac, ses possessions s'étendent de
Carlat à Mur-de-Barrez avec des prés, des moulins, des terres, une montagne , et
une vigne pour laquelle il faut descendre jusqu'à Saint-Hyppolite. Et elle
achète des maisons à Aurillac, tout ce qui se présente: 330 livres en 1594,
pour une maison avec boutique vendue par les consuls et les marguilliers, 1160
livres en 1595, une maison ayant appartenu aux CHAUMEIL de Caillac.
A 50 ans, la dame de Messillac est devenue une femme influente aux conseils recherchés, comme en témoigne l'affaire de Carlat en 1602.
Henri IV a des informateurs comme le président Vernyes
de Salers dont les Mémoires montrent qu'il surveille noblesse et
gouverneurs qui tiennent toujours les places fortes. François de NADAILLAC,
sieur de Morèse, est gouverneur de Carlat.
Survient la conspiration de Biron , Morèse suspect,
est arrêté, et le marquis de NOAILLES, lieutenant général de Haute Auvergne, se
rend à Carlat, accompagné de «nombreux gentilshommes et capitaines du pays»,
pour demander à Mme de MORÈSE de rendre le château.
L'épouse brave le gouverneur et refuse d'abaisser le
pont-levis, elle se prépare à un siège avec son canon, c'était une affaire de
monter (ou descendre) un canon là-haut. Noailles en réfère au roi, la province
se soulève
Les amis de Morèse se réunissent au château de
Messillac, projettent de l'enlever, mais Mme de Messillac les en dissuade,
déclarant «qu'il serait plus glorieux et plus avantageux à la famille de subir
les ordres du roi que de s'armer contre lui, et que quiconque s'armait conte
son prince s'armait contre Dieu.»
Un traité est conclu à Thiézac entre les représentants
des deux partis: le château est occupé et sera rasé, et Morèse, libéré, recevra
un brevet de maître de camp.
Carlat est rasé, combien d'autres châteaux que
Marguerite de SAUNHaC a connus dans sa jeunesse, ont disparu, à commencer par
Montamat. Le pays, autrefois prospère, peine à se remettre de quarante ans de
guerre civile. Les caisses sont vides. Les nobles endettés, s'ennuient, les
fils RASTIGNAC, comme les autres. On ne compte pas les bâtards de l'aîné, Franc
Bertrand, sieur de Messillac, le second Jean, sieur de Montamat est un bandit
de grand chemin qui fait des razzias de bétail et a failli tomber sous les
coups de bandes adverses.
Le 27 novembre 1621, elle teste à Messillac, dans la
salle basse du château, en bonne catholique qu'elle est restée. Elle demande à
être ensevelie dans l'église de Raulhac, dans la chapelle de Messillac. Elle
nomme son héritier: l'aîné Franc Bertrand.
Elle était malade depuis cinq mois et n'eut pas la
force de signer. Elle a dû mourir peu après, dans sa 72e année.
Le château de Messillac a servi de décor au récent film de Bertrand Tavernier La Princesse de Montpensier adapté du roman de Mme de La Fayette.
Messillac, parfois appelé Messilhac ou Missilhac,
est un château situé sur un rocher escarpé, au milieu des bois, sur la limite
du département du Cantal. Ce château, chef-lieu d'une seigneurie très importante,
était fortifié de tours et de remparts. Le mamelon sur lequel il s'élève
est cerné par des ravins profonds dans lesquels coulent le Goul et un
autre ruisseau qui sert de limite à l'Aveyron.
Messilhac
était autrefois un village maintenant détruit. Les principaux
propriétaires qui se sont succédé dans cette seigneurie sont : la
famille de Bonavent, qui en jouissait au XIII° siècle. Bernard
de Bonavent, chevalier, seigneur de Messilhac, acheta, en 1297, la
moitié d'un aftar qui appartenait à un habitant du village.
Autre
Bernard de Bonavent, seigneur de Messilhac, traita, en 1345, ainsi que
les autres seigneurs du pays, avec le recteur de Raulhac, au sujet de la
dîme. Aimé de Bonavent fut bailli des montagnes d'Auvergne. On croit
que cette famille descendait d'Henri, fils puiné du comte de Rodez,
apanagée en 1200 dans les pays du Rouergue et du Carladès. Bernard de
Bonavent était, en 1475, coseigneur de Montamat. Autre Bernard de
Bonavent était seigneur de Messilhac en 1518. N'ayant eu qu'une fille
nommée Marguerite, elle fut mariée a Jean de Montamat, et lui porta en
dot Messilhac. Jean fit bâtir, en 1537, le grand corps de logis du
château, les beaux escaliers ornés de bas-reliefs et de devises, et ceux
qui décorent la grande porte. Jean mourut en 1547. Il ne laissa qu'une
fille, Jacquette de Montamat, mariée à Guion de Saunhac. Guion ne laissa
encore qu'une fille, nommée Marguerite, dame de Messilhac, comme
héritière de Jacquette, sa mère, qui fut mariée, en 1566, en premières
noces, à noble François du Port; en secondes noces, en 1574, avec
Charles de Barbézières, et enfin, en troisièmes noces, avec Raymond
Chapt de Rastignac, dont il sera question ci-dessous.
La
maison Chapt de Rastignac, nommée aussi Cat, ne doit pas être confondue
avec celle Cat de Cocural, aux armes parlantes. Les documents
historiques que l'on publie dans le Rouergue constatent que cette
dernière famille de Cat est originaire des montagnes de la Guiole, où elle était connue en 1182.
La famille de Chapt est originaire du Limousin; elle se fixa en Périgord, où elle existe encore. On la présume issue, dit le Nobiliaire d'Auvergne,
des anciens sires de Chabannais. M. d'Hozier ne laisse aucun doute sur
l'authenticité de cette ancienne origine, qui remonterait à l'an 895.
Ils ont, du reste, prouvé leur filiation depuis Bernard Chapt, 5e du nom, marié le 18 septembre 1260 avec Raymonde de Solagnac. Elle s'est illustrée dans le sacerdoce et la carrière des armes.
Raymond
Chapt de Rastignac, qui va nous occuper, appartenait à cette famille.
Dans une transaction faite entre ses enfants par Marguerite de la Grilière,
dame de Rastignac, il est fait mention de possessions sises à Sarrus, à
Ladinhac, à Cayrols, possessions qui formèrent peu de temps après
l'apanage de la branche d'Auvergne.
Raymond,
que l'on trouve désigné indistinctement sous le nom de Rastignac et
sous celui de Messilhac, par les auteurs qui ont écrit l'histoire de
cette province , vint dans la Haute-Auvergne
attiré par le baron de Lignerac, qui connaissait son habileté et sa
fortune dans les armes. Lignerac voulait en faire l'un des chefs du
parti de la ligue. Contrairement aux vues de ce bailli des montagnes,
Raymond embrassa le parti du roi. Nous allons maintenant parcourir les
historiens qui nous ont donné .des notices sur sa vie.
«
Raymond, dit M. Déribier, était, dans son jeune âge, page d'Henri IV.
Habile dans l'art de l'équitation , montant avec grâce et solidité les
chevaux les plus difficiles, le roi se plaisait à lui faire exercer sous
ses yeux ceux qu'il affectionnait le plus. Ce goût du monarque ne doit
pas nous surprendre; on doit considérer que, dans l'ancienne monarchie,
nos rois étaient les premiers de leurs chevaliers, et le prince dont
nous venons de parler ne le cédait à nul autre. De 1567 à 1 569, Chapt
fut capitaine d'une compagnie de cinquante hommes d'armes, et, en 1671,
d'une compagnie de gens de pied. Le roi lui écrivit le 8 juillet 1578
pour faire exécuter l'édit de pacification.
«
En 1581, les religionnaires du Mur-de-Barrès, commandés par le vicomte
de Lavedan , commirent de nombreux pillages et des déprédations dans ces
contrées. La noblesse du pays s'adressa au roi qui permit de faire une
levée de trois cents hommes, moitié a pied et moitié à cheval, pour
s'opposer au pillage des huguenots de ce quartier. Messilhac prit le
commandement de ces trois cents hommes, attaqua les huguenots du
Mur-de-Barrès, et en tua sept à huit vingts. »
Voici ce qu'n dit l'abbé Teillard. « En 1588, la ville d'Entraygues fut prise d'assaut par les huguenots. Ses défenseurs se réfugièrent dans le château; ils y furent soutenus par Raymond Chapt de Rastignac, seigneur de Messilhac, qui, le jour de Notre-Dame, étant accompagné des sieurs de Morèze et d'Anteroche, à la tête de trois cents hommes, tua quarante huguenots , parmi lesquels l'un de leurs principaux chefs. Messilhac l'abattit d'un coup d'épée au travers de la visière du pot, et lui enleva son écharpe blanche. Les huguenots furent chassés de leurs retranchements. MM. de Messilhac et de Morèze furent blessés dans ce combat. »
Voici ce qu'n dit l'abbé Teillard. « En 1588, la ville d'Entraygues fut prise d'assaut par les huguenots. Ses défenseurs se réfugièrent dans le château; ils y furent soutenus par Raymond Chapt de Rastignac, seigneur de Messilhac, qui, le jour de Notre-Dame, étant accompagné des sieurs de Morèze et d'Anteroche, à la tête de trois cents hommes, tua quarante huguenots , parmi lesquels l'un de leurs principaux chefs. Messilhac l'abattit d'un coup d'épée au travers de la visière du pot, et lui enleva son écharpe blanche. Les huguenots furent chassés de leurs retranchements. MM. de Messilhac et de Morèze furent blessés dans ce combat. »
Chapt
de Rastignac était donc connu par des faits d'armes brillants lorsqu'il
fut appelé, en 1586, à la charge de lieutenant du roi dans la Haute-Auvergne. Nous donnerons, d'après le Nobiliaire d'Auvergne, le résumé de la vie de cet homme célèbre dans son temps.
« En
sa qualité de lieutenant du roi, les habitants d'Aurillac le prièrent
de venir séjourner dans leur ville pour les soutenir contre les efforts
du comte de Randan; il s'y rendit, le 7 février 1587, pour y commander
au nom du roi. Ceux d'Aurillac ne furent pas trompés dans leur attente-
Le sire de Messilhac rompit les mesures du comte de Randan qui, dans le
dessein de sè rendre maitre de cette ville, s'avança inutilement avec
trois mille hommes jusqu'à Arpajon; il fut battu dans deux ou trois
rencontres, ce qui l'obligea à revenir dans la Basse-Auvergne. L'année suivante , Messilhac fut honoré du collier de St-Michel et fait, avant le 22 avril 1589, gouverneur de la Haute-Auvergne Le
6 juillet suivant, il força le château de Cologne à se rendre et fit
prisonnier le sieur de Marmiesse qui le commandait. Il reprit sur la fin
du même mois la forteresse de Carlai, dont les seigneurs, par la
trahison d'un soldat, avaient trouvé le moyen de changer la garnison.
En
1590, le comte de Randan s'étant mis en campagne pour reprendre la
ville d'Issoire. la noblesse d'Auvergne se donna rendez-vous à Clermont.
Raymond y parut à la tête de cent chevaux et de cent cinquante hommes
de pied.
Nous
allons bientôt rapporter , suivant M. Imberdis, le récit de ses actions
pendant cette campagne où il commandait le centre de l'armée royaliste ,
sous la haute direction de François de Chabannes-Curton, général en
chef.
« Au
mois d'octobre , le sieur de Messilhac alla joindre l'armée du grand
prieur d'Auvergne, Louis de Lastic , et ne rentra à Aurillac que le 4
décembre. En 1592, il fit réparer les murailles et les fossés de la
ville que le duc de Nemours paraissait vouloir assiéger. En octobre, il
fit partie du secours envoyé à Villemur pour arracher le sieur de
Thémines , son ami, au danger qu'il courait. Il contribua à tailler en
pièces l'armée de la Ligue
: une partie fut noyée dans le Tarn, et le duc de Joyeuse y périt
lui-même, emporté par la violence des eaux. Le roi, pour récompenser
Rastignac de ses services, lui permit, en 1593, d'établir une foire et
un marché à Cros, paroisse de Messilhac. Au mois de juin de la même
année, il le fit bailli de la Haute-Auvergne, dont il était déjà gouverneur.
En
1591, les habitants de St-Flour s'étant révoltés contre Antoine de
Durfé, leur évêque , M. de Messilhac se rendit promptement dans cette
ville, apaisa la sédition, rendit la liberté à l'évêque. Au mois de
juillet suivant, il se transporta en Limousin pour donner la chasse aux
révoltés de cette province auxquels on donnait le nom de croquants ou de tard-venus;
il les attaqua, prit Limoges, et leur tua plus de deux mille hommes.
Cette expédition lui valut d'être fait chevalier de l'ordre du
St-Esprit. »
« Le Comte de Messilhac ne se borna pas, dit Imbérdis,
à défendre le haut-pays contre le gouverneur d'Auvergne; il se fit
remarquer encore par son acharnement à poursuivre les religionnaires
partout où ils furent signalés, à des distances même assez grandes de sa
résidence. Le zèle qu'il avait montré fut payé par une nomination de
lieutenant-général, .qui le fit recevoir à Aurillac où il mit garnison.
Henri III instruisit ainsi les prévôtés du nouveau choix qu'il venait
d'arrêter:
« De par le roi,
Chers
et bien amés, nous avons donné pouvoir au sieur de Rastignac de
commander dans notre haut-pays d'Auvergne, et y assembler des forces
pour faire la guerre à nos ennemis. A cette cause, nous vous mandons que
vous ayez à le reconnaître, l'obéir et l'assister en tout ce qu'il vous
ordonnera pour le bien de notre service, comme votre fidélité et
affection nous assurent que vous ferez; et à ce ne faites faute, car tel
est notre plaisir.
Donné à Châtelleraut, etc. »
« Les
forces royales se réunirent et s'acheminèrent vers Clermont, ayant à
leur tête les sieurs de Messilhac et de Lavedan : trois cents
cuirassiers et cinq cents fantassins obéissaient à ces deux capitaines
distingués. Ce corps était arrivé à Allagnat, à trois lieues de
Clermont, lorsque le bruit se répandit que les ligueurs marchaient à lui
pour le combattre. Sur le champ, les chefs déjà rassemblés à Clermont
montent à cheval, s'élancent dans la direction indiquée, rencontrent les
troupes qui venaient paisiblement dans cette ville, et tous arrivent
sans avoir aperçu d'ennemis.
Randan,
instruit de ces mouvements, conçut le projet de marcher à la rencontre
des royalistes et de les attaquer avant qu'ils fussent en vue d'Issoire.
Randan réunit son conseil : les avis sont partagés. Les chefs
royalistes ne pourront pas se soumettre aux lenteurs d'un siège, entre
autres Rastignac, qui doit redouter quelque surprise , quelque
soulèvement dans son gouvernement agité. Mais le comte de Randan était
impatient de croiser le fer avec les auxiliaires; la bataille de
Cros-Rolland est décidée. »
Il n'entre point dans notre cadre de donner la description de cette bataille, dont la perte fut funeste à la Ligue. Messilhac
y prit une part glorieuse; dans un mouvement, il se trouve en face du
chef des ligueurs, balançant la fortune par sa valeur bouillante et
l'exemple qu'il donne aux compagnons d'armes qui se pressent à ses
côtés. Les deux chefs se sont aperçus; ils se précipitent l'un contre
l'autre; un flot de combattants les sépare et les jette aux extrémités
opposées du champ de bataille. Alors Messilhac se précipite au cœur de
l'escadron de Randan, le hache avec fureur, porte la mort partout où
frappe son épée : les plus intrépides sont mis hors de combat ; le
malheureux Randan lui-même, après avoir illustré le champ d'honneur où
sa noblesse est décimée, se voit obligé de se retirer , blessé
mortellement de deux balles dans la cuisse. Alors les vainqueurs
taillent en pièces les ligueurs qu'ils peuvent atteindre dans la plaine.
Cette poursuite serait devenue une boucherie si Messilhac n'eût couru
en avant en criant : Amis, nous sommes tous Auvergnats, ne nous tuons pas les uns les autres.
Ces paroles généreuses d'un guerrier ordinairement impitoyable comme on
l'est dans les guerres civiles et religieuses, sauvèrent une foule de
soldats qui avaient jeté leurs armes.
Afin
de confirmer la mort de Randan et sa défaite, auxquelles le commandant
des forces ligueuses dans Issoire ne voulait pas croire, Messilhac
s'avança et dit: « Messieurs, le sieur de Randan est mort aujourd'hui en
brave et homme d'honneur , et a fait voir la noble lignée dont il était
sorti. Si vous ne voulez pas m'en croire, voyez M. de Châteauclou, qui
vous le dira. Ce qu'avait dit étant confirmé, le commandant La Barrière capitula immédiatement.
Passons aux appréciations sur Messilhac , du président de Vernyes, dans son mémoire adressé au roi.
« Le
sieur de Messilhac peut mettre sus de cette prévôté cinquante bonnes
cuirasses et cent soixante soldats, et, de six cents hommes qu'il y a
dans la ville d'Aurillac pour rendre combat, en tirer pour un besoin
deux cents pour deux lieues hors la ville.
La
ville et château de Murat ont envoyé leur soumission au sieur de
Messilhac, gouverneur de la province, peu avant le décès du feu roi.
Mais, pour la ville, en faut faire peu de cas, parce qu'elle dépendra
toujours de celui qui commandera le château ; et, quelque déclaration
que le sieur de Brezons, capitaine, en ait faite, je ne le tiens pas
pour assuré au service du roi.
Il y a des ligués dans la ville d'Aurillac, mais qui n'osent se déclarer pour la présence du sieur de Messilhac.
« Pour
récapituler les forces que le sieur de Messilhac peut faire en son
gouvernement , il nourrit cent cuirasses aux dépens du roi et en peut
tirer presque autant des quatre prévôtés , trois cents arquebusiers,
cinquante cuirasses huguenotes et quatre cents arquebusiers; a trois
pièces de canon en son pouvoir , et, de la sorte, peut faire un gros de
sept cents arquebusiers et de deux cent cinquante chevaux.
Le
sieur de Messilhac s'aheurtait d'abord au mauvais parti. Le sieur de
Bournazel lui fit connaître le parti du roi plus assuré et le plus
honnête; s'il s'y rangeait, il serait le chef du parti contre
le reste de la noblesse, et pourrait être reconnu de Sa Majesté; il fut
persuadé encore par les conseils du sieur de Morèze, son cousin. La
déclaration du sieur de Messilhac confirma aussitôt les villes et lui
acquit une haine mortelle de ceux de la Ligue, spécialement du sieur de Lignerac, qui se vit spolié par celui dont il avait bâti la fortune.
Au
retour des Etats de Blois, après la mort de M. de Guise, le roi
écrivit de sa main au sieur de Messilhac. Cette lettre lui fut baillée
fort à propos et le confirma dans le service du roi.
Le 7 juin 1594, Rastignac marcha sur la Fère
contre le nouveau duc de Joyeuse. Il fut tué le 26 janvier 1595 d'un
coup de fauconneau tiré par un soldat ennemi. Sa dépouille mortelle fut
portée à Aurillac et inhumée avec une grande pompe, le 26 février
suivant, dans l'église de Notre-Dame. Déribier dit que ce fut dans la
sacristie de la paroisse, qui devint plus tard la chapelle du
St-Sacrement. Il avait acheté, en 1590 , les fiefs de Pleaux , du
Griffoul et de Poumeyrols de François de Dienne, qui le subrogea à la
terre de Montamat sur le baron de Pestels, pour une somme de 4,000 livres.
Le siège de Villemeur, au cours duquel Messillac s'illustra, a été relaté par plusieurs contemporains dont Agrippa d'Aubigné - le grand-père de la marquise de Maintenon-, dans son Histoire universelle, pour laquelle il fut exilé en Suisse (Livre III, chapitre XVI).
Le siège de Villemeur, au cours duquel Messillac s'illustra, a été relaté par plusieurs contemporains dont Agrippa d'Aubigné - le grand-père de la marquise de Maintenon-, dans son Histoire universelle, pour laquelle il fut exilé en Suisse (Livre III, chapitre XVI).
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