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mardi 25 septembre 2018

I Would Prefer Not To

La traduction de la devise du Bartelby de Melville me travaille depuis longtemps.
C'est l'expression la plus douce de l'opposition la plus définitive.
"Prefer", préferer, c'est entre deux choses ne pas choisir, n'en rejeter aucune, c'est déjà une façon de ne pas dire non.
"Would prefer", préfèrerai, au conditionnel, c'est prendre ses distances avec le monde réel de l'indicatif, pour se placer dans une sorte de monde idéal et flottant  : on prend donc à peine position dans un monde qui de toute façon n'existe pas...
"Not", la négation, dans ce contexte où nous be sommes pas, on ne prend donc finalement pas la décision de trancher.
"To", le , renvoie  en pure allusion, au verbe d'action de la proposition, ou l'ordre, auquel on répond mais surtout sans le répéter explicitement.
C'est du grand art dans la dérobade, et en m^me temps, une telle élaboration témoigne d'une détermination à toute épreuve. La sentence est aussi édulcorée que non négociable.
La traduction littérale, souvent utilisée, "Je préfèrerais pas" me paraît faible et incorrecte
"J'aimerais mieux pas", me paraît plus correcte du point de vue de la langue, mais ne rend pas bien compte des précautions de l'expression anglaise.
"Je préfère m'en abstenir" me semble une bonne traduction du point de vue de la forme, mais n'exprime qu'une faible mise à l'écart ou recul du locuteur
"Je n'y tiens pas"me paraît assez satisfaisante : c'est une manière de refuser en ne reprenant aucun terme de la proposition, qui rend bien compte de la distance mise entre l'offre triviale et la fuite de la réponse.  .
J'aymasse mieux n'en rien faire me semble rendre assez la distance que Bartelby souhaite placer entre le monde étroit dans lequel il est plongé et les sphères de pureté dans lesquelles il entend bien se protéger.

L'imparfait du subjonctif

COMPLAINTE AMOUREUSE
Alphonse Allais

« Oui, dès l’instant que je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes !
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Sur-le-champ vous vous aperçûtes.
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
Combien de soupirs je rendis ?
De quelle cruauté vous fûtes ?
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
En vain je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis.
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid, voir ce que je mis.
Ah, fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu’ingénument je vous le disse,
Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez.
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse,
Pour que vous m’assassinassiez ! »

Photos du voyage du duc de Luynes au Proche-Orient vers 1864



Jerash



Petra


Jerusalem