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dimanche 24 janvier 2016

LM DU 24 JANVIER 2016

Les nettoyeurs d’oreilles bientôt balayés

Adieu écrivains publics, pleureuses,
conteurs ou dentistes de rue… Dans
un ouvrage paru en Inde en janvier
(The Lost Generation, Ed. Random
House, 2015, non traduit), la journaliste Nidhi
Dugar Kundalia enquête sur ces professions indiennes
menacées par la modernité.
Dilip Pandey, écrivain public à Bombay qui
prépare sa reconversion dans les assurances, lui
a confié ses secrets. Les lettres destinées aux
épouses seraient, selon lui, bien plus faciles à
écrire que celles adressées aux amantes.
« N’oublie pas de payer le loyer » ou « Prends soin
de ma mère » requiert moins d’imagination que
de trouver, parmi le vaste répertoire des chansons
hindis, la formule idéale qui, au final, ne
plaît jamais assez à son commanditaire transi
d’amour. La règle d’or dans ce métier : toujours
terminer une lettre par un « Tu me manques ».

Mais depuis que le nombre de téléphones
portables en Inde a franchi le cap du milliard, la
poste indienne a révoqué les licences accordées
aux écrivains publics devant ses bureaux.
Les enfants de Dilip Pandey veulent désormais
travailler dans la communication. « Grâce à la
hausse de la scolarisation et aux nouvelles opportunités
économiques, les nouvelles générations,
surtout dans les villes, ont davantage de
choix », explique Nidhi Dugar Kundalia.
Par conséquent, ce n’est plus (ou en tout cas
moins qu’avant) la caste qui définit la profession.

Telles ces pleureuses du désert du Thar
(nord-ouest), les rudaalis, contraintes d’officier
lors des funérailles à une époque où les femmes
de hautes castes se devaient de cacher leur
peine. L’émotion s’est depuis démocratisée et,
surtout, le deuil est désormais silencieux. On
ne veut plus de ces pleureuses qui se battent la
poitrine et versent de chaudes larmes. La durée
des funérailles s’est aussi écourtée depuis
que la nouvelle peut se colporter par téléphone,
asséchant de fait les sources de revenus
des rudaalis. « Les gens meurent moins souvent
de nos jours, soupire l’une d’elles, et il y a de plus
en plus de médecins qui arrivent des villes… »
Difficile reconversion

L’irruption du commerce électronique, qui offre
la livraison gratuite, et la construction de
centres commerciaux climatisés ont également
transformé le paysage urbain. Le trottoir
des villes n’est plus le lieu de chalandise qu’il
fut jadis. Bientôt, vous ne trouverez plus ces
nettoyeurs d’oreilles reconnaissables à leurs
turbans rouges, armés de longues tiges au
bout desquelles est accroché un morceau de
coton, ni ces parfumeurs qui composent un
parfum comme on compose un poème, considérant
l’usage de concentrés synthétiques
comme « immoral ».

Parfois, la reconversion est difficile. Des conteurs
publics originaires d’Odisha (nord-est)
ont essayé de vendre leurs récits sur cassettes,
sans grand succès. Le rythme de disparition de
ces professions s’accélère. Un autre visage du
tourbillon de la croissance qui s’est emparé de
l’Inde il y a vingt-cinq ans. julien bouissou

lundi 18 janvier 2016

Jacques Trouilleux, artiste peintre 1819-1900




Jacques TROUILLEUX
(auto portrait)

Jacques Trouilleux était un grand oncle de mon grand-père.
Il y avait encore chez mes parents quelques toiles de lui : une scène de chasse à la salle à manger, et un crucifix à la chapelle, sans compter d'innombrables gravures défraîchies qui venaient de chez mon grand-père et que nous connaissions tous par cœur : "le Chant du Jour", "Les Hirondelles", "La Carmagnole"...C'était des gravures à l'eau forte, dont  les plaques de cuivre existent encore et dont chaque génération fait imprimer de nouveaux tirages.

On trouvait sur une table du salon, un ouvrage intitulé "Oeuvres poétiques" de Javelin Pagnon avec 76 eaux fortes de J. TROUILLEUX, Saint Etienne, Théolier, 1890, in 8° broché, 314 pages, tirage strictement limité à 300 exemplaires numérotés dont 270 sur papier de Hollande. 

Plus précisément, il s'agissait du manuscrit magnifiquement exécuté par Jacques Trouilleux comportant les poèmes de Pagnon tracés d'une superbe écriture anglaise dans des cadres rouges, illustrés des projets de dessins qui seraient gravés ultérieurement pour la publication de 1890.
 
J'en ai depuis acheté un exemplaire  chez un bouquiniste, d'ailleurs en parfait état : quelqu'un l'avait-t-il jamais ouvert avant moi ...
 
Le nom de cet artiste, "un peu tombé dans l'oubli", figure dans l'ouvrage d'Henri Beraldi intitulé "Les graveurs du XIXème siècle, guide de l'amateur d'estampes modernes", Librairie L.Conquet, 1885-1892, 12 tomes en 10 volumes :

 

Il figure également dans une notice du Dictionnaire, annuaire et album biographique de la Loire, 1899, illustrée d'un rare portrait photographique.







Page de garde

Notice biographique

Portait photographique

La Gazette des beaux -arts de 1860 lui consacre quelques lignes à l'occasion de la troisième exposition organisée par la société des amis des arts du département de la Loire. Le catalogue " ne contenait pas moins de 507 numéros, et parmi les noms inscrits on lisait ceux des artistes les plus recommandables de Paris, de la province et même de l'école de Dusseldorf, de la Belgique, de la Suisse et du nord de l'Italie...L'exposition était ouverte dans les salles de l'hôtel de ville...Trois salles carrées étaient consacrées aux peintures, et une galerie aux sculptures et aux dessins".


 Gazette des beaux-arts : courrier européen de l'art et de la curiosité
 

Ces notices sont intéressantes car elle font le lien entre le métier de l'artiste et son milieu d'origine, la rubanerie, au sein duquel Jacques a pu développer son sens artistique comme "dessinateur de fabrique" ou "dessinateur industriel" c'est à dire comme concepteur des motifs et décors agrémentant les rubans fabriqués par l'entreprise familiale. 

Mais il délaissa très vite ce milieu pour se consacrer à sa carrière artistique. A Paris il travaille avec la maison Cadart, éditeur-imprimeur, 56 boulevard Haussmann, "près le nouvel opéra", qui diffuse une revue intitulée "L'Illustration  nouvelle" .

Jacques Trouilleux y publie en 1875 un "Combat de coqs"puis en 1879 une gravure intitulée "Roses" et en 1880 une autre ayant pour titre "Colimaçon".








Il jouit également d'une belle notice sur un site genevois :

https://collections.geneve.ch/mah/auteur/trouilleux

Les estampes de Jacques Trouilleux ont été éditées par Alfred Cadart, editeur-imprimeur à l'origine du renouveau de l'eau-forte au XIXéme siècle, qui  avait édité également des planches de Courbet et de Manet.