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vendredi 28 septembre 2012



Grand plat Imari du XVIII ème s., décoré au centre d'un bouquet de pivoines et de grenades posé sur une terrasse. La bordure comporte trois cartouches décorés de chiens Fu ou lions chinois, animal légendaire qui écarte les génies malfaisants, entre lesquels apparaissent des branches fleuries de camélia et de prunier abritant des phoenix.

Diamètre 31 cm.









Urushi Bako, boite en laque noire de style Kin Nashiji

(paillettes irrégulières d'or très utilisées pour l'intérieur des 

compartiments, dont le nom vient de leur ressemblance avec 

la peau de la poire nashiji) hiramaki-e (les différents décors 

sont en faible relief sur le fond), à décor de papillons, fin Meiji, 

début XX ème s. 


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  Saladier Arita Yaki, porcelaine d'Arita dite Imari en Europe,   

de style Ai Kakiemon 柿右衛門, portant un caractère chinois   

Fuku (Bonheur et Prospérité), fin Edo, début du XIX ème s.





lundi 24 septembre 2012

WHITE SQUALL ( 1996 )

Portrait de La Rochefoucault, dans ses Mémoires.

Je suis d'une taille médiocre, libre et bien proportionnée. J'ai le teint brun mais assez uni, le front élevé et d'une raisonnable grandeur, les yeux noirs, petits et enfoncés, et les sourcils noirs et épais, mais bien tournés. Je serais fort empêché à dire de quelle sorte j'ai le nez fait, car il n'est ni camus ni aquilin, ni gros ni pointu, au moins à ce que je crois. Tout ce que je sais, c'est qu'il est plutôt grand que petit, et qu'il descend un peu trop en bas. J'ai la bouche grande, et les lèvres assez rouges d'ordinaire, et ni bien ni mal taillées. J'ai les dents blanches, et passablement bien rangées. On m'a dit autrefois que j'avais un peu trop de menton : je viens de me tâter et de me regarder dans le miroir pour savoir ce qui en est, et je ne sais pas trop bien qu'en juger. Pour le tour du visage, je l'ai ou carré ou en ovale ; lequel des deux, il me serait fort difficile de le dire. J'ai les cheveux noirs, naturellement frisés, et avec cela assez épais et assez longs pour pouvoir prétendre en belle tête. J'ai quelque chose de chagrin et de fier dans la mine ; cela fait croire à la plupart des gens que je suis méprisant, quoique je ne le sois point du tout. J'ai l'action fort aisée, et même un peu trop, et jusques à faire beaucoup de gestes en parlant. Voilà naïvement comme je pense que je suis fait au dehors, et l'on trouvera, je crois, que ce que je pense de moi là-dessus n'est pas fort éloigné de ce qui en est. J'en userai avec la même fidélité dans ce qui me reste à faire de mon portrait ; car je me suis assez étudié pour me bien connaître, et je ne manque ni d'assurance pour dire librement ce que je puis avoir de bonnes qualités, ni de sincérité pour avouer franchement ce que j'ai de défauts. Premièrement, pour parler de mon humeur, je suis mélancolique, et je le suis à un point que depuis trois ou quatre ans à peine m'a-t-on vu rire trois ou quatre fois. J'aurais pourtant, ce me semble, une mélancolie assez supportable et assez douce, si je n'en avais point d'autre que celle qui me vient de mon tempérament ; mais il m'en vient tant d'ailleurs, et ce qui m'en vient me remplit de telle sorte l'imagination, et m'occupe si fort l'esprit, que la plupart du temps ou je rêve sans dire mot ou je n'ai presque point d'attache à ce que je dis. Je suis fort resserré avec ceux que je ne connais pas, et je ne suis pas même extrêmement ouvert avec la plupart de ceux que je connais. C'est un défaut, je le sais bien, et je ne négligerai rien pour m'en corriger ; mais comme un certain air sombre que j'ai dans le visage contribue à me faire paraître encore plus réservé que je ne le suis, et qu'il n'est pas en notre pouvoir de nous défaire d'un méchant air qui nous vient de la disposition naturelle des traits, je pense qu'après m'être corrigé au dedans, il ne laissera pas de me demeurer toujours de mauvaises marques au dehors. J'ai de l'esprit et je ne fais point difficulté de le dire ; car à quoi bon façonner là-dessus ? Tant biaiser et tant apporter d'adoucissement pour dire les avantages que l'on a, c'est, ce me semble, cacher un peu de vanité sous une modestie apparente et se servir d'une manière bien adroite pour faire croire de soi beaucoup plus de bien que l'on n'en dit. Pour moi, je suis content qu'on ne me croie ni plus beau que je me fais, ni de meilleure humeur que je me dépeins, ni plus spirituel et plus raisonnable que je dirai que je le suis. J'ai donc de l'esprit, encore une fois, mais un esprit que la mélancolie gâte ; car, encore que je possède assez bien ma langue, que j'aie la mémoire heureuse, et que je ne pense pas les choses fort confusément, j'ai pourtant une si forte application à mon chagrin que souvent j'exprime assez mal ce que je veux dire. La conversation des honnêtes gens est un des plaisirs qui me touchent le plus. J'aime qu'elle soit sérieuse et que la morale en fasse la plus grande partie ; cependant je sais la goûter aussi quand elle est enjouée, et si je n'y dis pas beaucoup de petites choses pour rire, ce n'est pas du moins que je ne connaisse bien ce que valent les bagatelles bien dites, et que je ne trouve fort divertissante cette manière de badiner où il y a certains esprits prompts et aisés qui réussissent si bien.

samedi 22 septembre 2012

Tarkan - Aşk Gitti Bizden (Official Video + Lyrics)



2012 - Ozan Çolakoğlu 01 - Aşk Gitti Bizden

Söz & Müzik: Tarkan

ŞARKI SÖZLERİ:
Bana müsade hadi bye bye
Bundan böyle bizi mazi say
Sanma ki içim buruk değil
E ayrılık bu, kime kolay?

Nerde şimdi o içimde
Uçuşan kelebekler
Bende o duygulardan,
Hiç kalmadı eser

Biri sen, biri ben
İki damla yaş aktı gözlerimden
Olmadı olduramadık
Ve aşk gitti bizden
Önce sen, sonra ben
Kaydık yıldız gibi gökyüzünden
Bir türlü tutturamadık
Ve aşk gitti bizden

Tanıdık hikaye, malum
Aşkı gurura feda ettik
Dönüşü yok ki bu sonun
Ayrı dünyalara düşüverdik

Bu bahçelerde bir zamanlar
Renk renk çicekler açardı
Ne yazık ki soldular
Nasıl oldu da öyle bir anda
Olduk birer yabancı
Ne yazık ki ayrıldı yollar

mardi 18 septembre 2012

LM du 19 09 2012

"Il n'y a pas de pire dommage qu'une mère puisse faire à un enfant que de ne pas lui donner le sentiment qu'il illumine sa vie de femme".

Hélène Vincent, actrice. 

lundi 17 septembre 2012

sniléF seL - Alain Delon - Jane Fonda

Une université mondiale et gratuite sur le Net LM 15 09 2012


Votre fils n'a pas compris grand-chose à son dernier cours de maths ? Une vidéo très didactique du Web lui donnera un cours de rattrapage à la maison. S'il le faut, elle lui proposera des exercices. Si votre fils est une grosse tête, il pourra prendre de l'avance et même potasser les programmes des classes supérieures. Comment ? En se connectant sur les cours de la Khan Academy. Seule condition : parler anglais. Salman Khan, diplômé du MIT en mathématiques, a d'abord créé des courtes vidéos pour quelques étudiants. Fort de son succès, il lance, début 2009, la Khan Academy, proposant en ligne plusieurs centaines de cours de physique et de mathématiques. Ils attirent 35 000 visiteurs. Depuis, tout s'accélère. Khan collecte d'abord 150 000 dollars d'investissements. C'est alors que Bill Gates se rend compte que ses enfants font des progrès en maths en suivant ces cours : il lui attribue le Microsoft Tech Award pour l'éducation. En 2010, un jury de Google lui accorde 2 millions de dollars pour qu'il crée de nouveaux cours et les fasse traduire dans plusieurs langues. Son projet de fournir des dizaines de milliers de vidéos, dans les principales matières scolaires et aussi dans toutes les langues, afin de lancer " la première école mondiale virtuelle gratuite, où n'importe qui peut apprendre ", est lancé. En novembre 2011, la Fondation O'Sullivan lui accorde une subvention de 5 millions de dollars pour pouvoir passer à la vitesse supérieure. En avril 2012, avec au total 3 300 vidéos, 184 millions de cours suivis, Salman Khan a été classé parmi les personnes les plus influentes de l'année par le magazine Time.
Le site : www.khanacademy.org
" Réinventer l'éducation ", une conférence TED (Technology, Entertainment and Design) : www.ted.com/talks/salman_khan

LM 15 SEPTEMBRE 2012

Si cher patrimoine

A vouloir protéger toujours plus nos églises, mairies, châteaux, usines, immeubles ou lavoirs, notre pays risque de pétrifier son présent plutôt que de se projeter vers l'avenir. Enquête avant les Journées du patrimoine, les 15 et 16 septembre
L'appétit des Français pour leur patrimoine est apparemment sans limites. Eglises, mairies, châteaux, usines, ponts et jusqu'au lavoir de village... Les lieux classés sont régulièrement pris d'assaut lors des Journées du patrimoine, qui se tiennent cette année les 15 et 16 septembre. Un sondage paru dans Beaux Arts magazine, en 2002, mettait déjà ce phénomène en évidence : à la question de savoir s'il valait mieux défendre le patrimoine ou la création, les intéressés votaient massivement pour les trésors du passé. Cette fringale, largement encouragée par les pouvoirs publics, ne va pas sans soulever des questions. Car s'il est une source de revenus touristiques, le patrimoine a aussi un coût, et pas des moindres.

Financier d'abord, puisqu'il faut le restaurer, l'entretenir, le mettre à la disposition du public, à des prix bien plus élevés que pour les bâtiments ordinaires. Sur un budget de 3 milliards d'euros, le ministère de la culture lui en consacre déjà 870 millions, soit près du tiers. De façon symptomatique, les fortes tensions actuelles sur le budget de la culture devraient davantage affecter les gros établissements (Louvre ou Opéra de Paris) que la création ou le patrimoine. Or ce dernier a la particularité de s'accroître, et donc d'être de plus en plus glouton, surtout depuis la fin des Trente Glorieuses.

Avec les années, le périmètre de ce qui est marqué du sceau sacré de la mémoire augmente sans cesse. Peu à peu, des pans entiers de notre environnement basculent dans un espace protégé, donc intangible, sur lequel le temps s'arrête par décision administrative. Comme si tout devait finir par entrer dans le fameux " musée imaginaire " cher à Malraux. Progressivement, le regard a changé. En plus des monuments nationaux, signes visibles d'une mémoire collective, nous nous sommes mis à tenir pour patrimoine des objets que nul n'aurait distingué autrefois.

En élargissant la notion à l'immatériel, aux paysages et à toutes sortes de bâtis récents, les responsables ont sans doute sauvé des recoins menacés de notre culture, mais ils ont aussi " pétrifié " le présent. Première destination touristique à l'échelle mondiale, la France ne risque-t-elle pas de se transformer en un vaste musée ? Un territoire plongé dans le formol, dont les habitants sont aimantés par le passé plutôt que projetés vers l'avenir - image qui a longtemps poursuivi l'Italie ?

Au regard de l'Histoire, la notion même de conservation n'est pas très ancienne. Comme l'explique fort bien Pierre Nora, dans Présent, nation, mémoire, la grande fracture date de la Révolution française. Paradoxalement, c'est durant ces années de grandes destructions que naquit la volonté de préserver les monuments, dans un mouvement de " nationalisation du passé ".

Suivirent différentes étapes, marquées par des figures comme celle de l'écrivain Prosper Mérimée, mais le tournant contemporain date des années 1970. C'est à partir de ce moment-là qu'on assiste, explique Pierre Nora, à " une inflation brutale et désordonnée de tous les objets du patrimoine ". Malraux y fait entrer l'architecture du début du XIXe siècle, puis viennent les patrimoines ethnologique, paysan et enfin industriel. Dès lors, la machine à estampiller fonctionne à tour de bras. Bientôt, la liste des outils administratifs s'allonge. Aux catégories traditionnelles (classement des monuments historiques et inscription à l'inventaire supplémentaire) s'ajoutent des labels (" Patrimoine du XXe siècle ", " Maisons des illustres ", " Jardins remarquables ", etc.), sans oublier les secteurs sauvegardés et les autres zones de protection du patrimoine architectural urbain. En 2010, indique Françoise Benhamou - qui vient de publier Economie du patrimoine culturel -, on comptait 43 720 monuments protégés, dont 14 428 classés, 1 216 musées nationaux et 627 zones protégées.

Même si la tendance est à une plus grande circonspection quant aux classements (le nombre d'arrêtés de protection de monuments est passé de 1 299 pour la décade 1990-2000 à 629 pour 2000-2010), l'explosion des types de protection ne peut que gonfler l'enveloppe. D'autant que le mouvement inverse est presque inexistant : on déclasse très peu et avec mille précautions. " Il s'agit d'un processus de sédimentation et non de vases communicants ", observe Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux et ancien directeur du patrimoine au ministère de la culture. Conséquence : la note augmente inexorablement. A tel point qu'au ministère les spécialistes se disent conscients du danger. " La situation est absurde, même pour une économie riche ", souligne François Hers, conseiller pour la culture à la Fondation de France.

La riposte est connue : le patrimoine coûte mais rapporte également. Dans un pays comme la France, où 7 % des emplois sont liés au tourisme, il est une source de revenus non négligeable. Selon l'économiste Dominique Sagot-Duvauroux, professeur à l'université d'Angers, il est un " réel enjeu économique ". Surtout si l'on compte les conséquences annexes, comme la fréquentation des hôtels, des transports, etc. Des économistes ont émis l'hypothèse que toute nuit supplémentaire passée à Paris par des visiteurs du Louvre aurait des retombées de l'ordre du million d'euros par an.

Tout cela est-il si simple ? Pour Françoise Benhamou, cette manne est en partie un effet d'optique. " On ne saurait justifier l'investissement patrimonial par les retombées touristiques, explique-t-elle, car elles ne comblent pas les dépenses. " D'autant, ajoute-t-elle, qu'on a tendance à " manipuler des multiplicateurs peu fiables et à gonfler les retombées pour tout croissant consommé par les visiteurs du Louvre ".

Très rares, en effet, sur les milliers de monuments classés, sont ceux qui dopent l'économie d'une ville ou d'une région. Un indice : en 2010, l'Etat a dressé une liste de 80 monuments historiques dont il avait la charge et a proposé aux collectivités locales d'en devenir propriétaires. Louable geste de décentralisation ? Tentative, plutôt, de se délester de charges coûteuses... Pas folles, ces collectivités ont dit non. Sauf pour cinq ou six sites, dont le château du Haut-Koenigsbourg (Alsace). Un des maîtres d'oeuvre de cette affaire soupire : " C'est l'un des plus beaux fiascos du ministère de la culture. Le seul monument qui gagnait de l'argent, le château du Haut-Koenigsbourg, on l'a offert en cadeau au conseil général du Bas-Rhin ! Je n'ai toujours pas digéré cette histoire. "

Mais le coût du patrimoine n'est pas que financier. Le classement ou la labélisation, sans parler des secteurs sauvegardés, peuvent être un frein à la modernité, par exemple quand ils empêchent la mise aux normes des bâtiments se trouvant sur le site ou l'adaptation de logements vétustes. Ils limitent aussi les audaces formelles en architecture. Ils induisent enfin des processus de gentrification, chassant des centres urbains les classes les moins aisées lorsque le prix du foncier croît avec l'augmentation du tourisme.

Plus généralement, cette hypertrophie de la mémoire a des effets sur la façon dont les citoyens vivent dans ce pays. Et d'abord, que signifie ce désir de tout garder en l'état ? De tout rendre historique ? C'est notre rapport à la mémoire qu'il faut examiner, affirme Olivier Mongin, philosophe et directeur de la revue Esprit. Une mémoire dont le caractère impératif, explique Pierre Nora dans son livre, est lié " à ce que l'on a pris l'habitude d'appeler l'accélération de l'histoire, au changement de plus en plus rapide de toute chose, à l'éloignement du passé, au sentiment de la perte ". Propulsés vers un avenir moins lisible, nous tirons vers le passé pour nous rassurer.

Selon Olivier Mongin, " la "surpatrimonialisation" devient une manière de s'identifier collectivement, parce que la mondialisation fait peur ". Au risque de devenir " une collectivité qui n'arrive plus à se projeter ailleurs que dans ses restes ", commente Saskia Cousin, anthropologue et maître de conférences à l'université Paris-I. Dans cette société-là, ajoute-t-elle, les individus eux-mêmes deviennent " des objets patrimoniaux ".

Comme sur une scène de théâtre, nous nous transformons en spectateurs de notre passé. " Nous ne sommes plus créatifs, nous n'avons plus aucun récit du futur, soutient Jean Viard, sociologue et directeur de recherche au CNRS. Ce côté "confit" du patrimoine fait de nous une société rentière. " Il va même jusqu'à affirmer que le fait de " remonter vers le risque fasciste de la fascination pour les cultures mortes est extrêmement dangereux ". Que faire ? Pas question de tout balayer : le patrimoine est une richesse esthétique et il offre des repères indispensables à la collectivité. Mais pour éviter qu'il ne devienne un monstre attrape-tout, il faut se pencher sur sa constitution. Et sur les critères qui permettent à un monument de devenir un lieu de mémoire.

Or, l'un des premiers réflexes qui conduisent à protéger un monument est lié à la peur de se tromper. Les grandes erreurs du passé forment une espèce de " surplomb " qui guide les pas des conservateurs, dépositaires transitoires de ces richesses. Les Halles de Baltard, construites à Paris au XIXe siècle et détruites au début des années 1970 pour laisser place, entre autres, à l'actuel Forum des Halles, en sont l'un des exemples les plus flagrants. Mais il y a aussi les catastrophes évitées de justesse, comme la démolition à l'époque de Le Corbusier d'une partie du quartier du Marais, toujours au centre de Paris.

Du coup, " chacune des instances veut garder son petit moulin ou sa petite grotte pour ne pas être accusée de s'être trompée ", juge Saskia Cousin. Les modes changent, les besoins aussi. Comment savoir ce qui paraîtra important aux générations prochaines ? Jusqu'au XIXe siècle, par exemple, et à l'exception des cathédrales, l'art du Moyen Age était tenu en piètre estime, pour ne pas dire perçu comme une chose barbare.

La récente polémique autour d'un immeuble de Paul Chemetov situé à Courcouronnes, dans l'Essonne, illustre bien ce dilemme. Durant l'été 2012, 25 architectes ont signé une pétition contre la destruction de cet édifice construit en 1983. Ils ont égrené, à l'appui de leur texte, une longue liste de bâtiments du XXe siècle menacés ou endommagés. Ce faisant, les pétitionnaires s'opposaient au projet d'amélioration de l'habitat conçu par le maire, Stéphane Beaudet - et ce au nom d'un bâtiment qui n'avait jamais attiré l'attention.

Idem pour la décision qui a empêché, en 2010, la destruction de la cité de l'Etoile, oeuvre de Georges Candilis datant de 1962, à Bobigny. Déclaré " patrimoine du XXe siècle ", ce bâtiment sera réhabilité contre l'avis de ses habitants, qui souhaitaient voir construire à sa place des logements neufs. Pour exprimer leur mécontentement, ils ont créé un rap, visible sur YouTube, dans lequel ils stigmatisent la politique du ministère de la culture, jugée élitiste. Sous le titre Ghetto historique, le clip débute ainsi : " On nous a classés monument historique, foutaises. " Et, plus loin : " Facile de parler des endroits où on ne vit pas. "

Dans de nombreux cas, c'est la menace imminente d'une démolition qui pousse les autorités à intervenir, quand le bulldozer est presque au coin de la rue. Ce qui, d'évidence, ne constitue pas vraiment une politique du patrimoine cohérente. Celle-ci passe donc par une analyse du bien commun, de l'espace public et, finalement, de ce qui fait l'identité d'un pays. La future loi sur le patrimoine de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, intégrera probablement cette dimension. " Il est souhaitable que la représentation nationale se repose d'une manière globale cette question du patrimoine ", indique-t-on à son cabinet. En attendant, des pistes sont explorées, notamment par ceux qui pensent que le patrimoine doit être, avant tout, un secteur vivant. Autrement dit, qu'il ne faut pas hésiter à le mettre au service des besoins de la collectivité, quand cela est possible. Installer une école dans un monument historique, par exemple. " Un monument en péril est un monument qui n'a pas d'usage ", affirme Philippe Bélaval. Il rappelle que les grands hôtels particuliers parisiens furent sans doute déformés quand on les a transformés en ministères, mais sauvés d'une destruction probable, lors des travaux haussmanniens. " Le patrimoine doit être utilisé dans les politiques urbaines ", observe M. Bélaval, mais aussi " dans celles d'intégration. Après tout, le tombeau de Pépin le Bref peut aider les populations immigrées à comprendre où elles se trouvent. Le patrimoine peut contribuer à créer une société républicaine réconciliée avec elle-même, ou à la consolider ".

Dans cette optique, il convient de s'appuyer sur l'existant, plutôt que de pratiquer la politique de la table rase - ajouter une aile " contemporaine " à un musée du XVIIIe, par exemple, comme n'hésitaient pas à le faire les architectes lorsqu'ils remaniaient allègrement les palais, au gré des époques (celui de Blois, notamment). Mais cette politique raisonnable et soucieuse du temps qui passe a ses limites. Car, à refaire sans cesse du neuf avec du vieux, on risque d'empêcher les projets architecturaux et les transformations d'envergure - faute de place et de moyens.

Et comme le montre la frénésie de construction à l'oeuvre dans les pays émergents, l'érection de nouveaux monuments n'est pas qu'une question d'ambition et de compétition : elle est aussi une marque de confiance dans l'avenir.

Raphaëlle Rérolle

lundi 3 septembre 2012

Mes estampes 7- Tachibana Morikuni, dit Kösoken

     Intéressant petit ouvrage début du XVIIIème siècle (1720) sur les samourai, avec de nombreuses planches détaillées décrivant leurs armes et leurs montures, signé Morikuni.

橘守国(たちばな もりくに)

 
    Tachibana Morikuni (1679-1748) a été formé dans la grande tradition Kano : son maître, Tanzan, fut en effet l'élève de Tanyu Kano .