Le Sage-jubako est une sorte de panier a pique nique que l'on emportait pour déjeuner à l'extérieur, dans la nature, par exemple pour aller admirer les cerisiers en fleurs, ou au spectacle, car une représentation de pièces de kabuki ou un tournoi de sumos pouvait durer plusieurs heures.
Il est composé d'une boite principale munie d'une poignée pour permettre un transport facile, comprenant un compartiment destiné à une paire de flacons à sake en étain un petit récipient sans couvercle pour les mets sucrés, un petit plateau pour le service, et un ensemble de quatre compartiments empiles les uns sur les autres, du plus au moins profond, appelé jubako, qui préservaient aux mets leur fraicheur et leur odeur.
Cet objet date de la fin du XVIIIe siècle.
Il est en bois laqué décoré d'or à motif d'iris, selon la technique dite maki-e.
Les motifs du décor d'iris, de ponts de planches et de saules est une allusion au neuvième épisode d'un conte du Xe siècle intitulé Ise Monogatari. Le récit évoque un jeune seigneur forcé de quitter la capitale a contre coeur, et qui entreprend un voyage vers l'est, dans l'espoir de commencer une vie nouvelle. En route il arrive a un endroit nommé Yatsuhachi, ce qui signifie les Huit-Ponts, à cause d'un complexe agencement de planches formant un pont pour traverser un marécage. Il s'y repose en contemplant le bleu sombre des iris. Rendu mélancolique par ce spectacle, il compose un poème acrostiche dans lequel la première syllabe des cinq vers forment le mot iris, Kakitsubata :
から衣
着つつなれにし
つましあれば
はるばる来ぬる
旅をしぞ思ふ
から衣
着つつなれにし
つましあれば
はるばる来ぬる
旅をしぞ思ふ
KA- RAGOROMO
KI- TSUTSU NAREGISHI
TSU-MA SHI AREBA
HA- BARU KINURU
TA- BI O SHI ZO OMU
Ma bien aimée
M'est plus familière
Que mon vêtement de tous les jours
Et ce long voyage
Remplit mon coeur de peine
Cette scène est un classique de la littérature japonaise si connu que toute allusion au symbole des iris et des planches du pont renvoie immédiatement à cet élément de l'imaginaire collectif. Il a été souvent repris au théatre ou comme dans l'exemple ci dessous en peinture.
Yatsuhashi-zu Byōbu, Kōrin Ogata (1711-14)
Autre exemple avec ce "inro", petite boite a compartiments que l'on portait a la ceinture et qui renfermait des remèdes :
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