Le monde, le vieux monde épuisé est mort et oublié : vive le monde, le nouveau monde que l'on connaît par coeur!
Un magnolia comme un chandelier élevant fièrement vers le ciel ses énormes tulipes blanches, un cerisier couvert de guirlandes délicates qui battent des cils, un saule ruisselant de petites perles vertes.
Quelle misère de n'avoir pas un coin de jardin dont faire le tour, à la découverte des grands évènements de la saison !
L'autre jour en marchant, je me faisais cette réflexion que finalement, où que l'on se promène, on est toujours dans son jardin préféré, celui de ses rêves et de ses souvenirs, on fait et on refait toujours un peu la même ballade. Les silhouettes des arbres et de la barrière, l'ombre du mur, l'eau qui stagne et qui éblouit, la mousse qui sèche ou qui pourrit, l'odeur des feuilles sèches ou l'odeur des feuilles mouillées, les graines qui volent et les insectes qui festoient, les chats méfiants et les pépères escargots, les cailloux qui jouent dans la terre, les outils qui ont fait toutes les campagnes, les arbres de ton Liban et les fleurs de mon paradis, ils sont tous là, ils sont toujours là. Rien n'a changé ! Tous les arrosoirs sont frères, il n'y a qu'un banc sur la terre ! Et même, dans les allées, qui marchent avec nous, ils sont là aussi bien sûr, les fantômes de ceux qui nous ont appris à regarder, à observer, à reconnaître, à nommer et à aimer cette nature qui n'est pas autour de nous, mais que nous portons au plus profond de nous-mêmes, et pour qui nous sommes comme la présence d'un vent étrange qui la féconde.
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