Lydia (Merle Oberon) retrouve pour un soir, et quarante ans plus tard, quatre hommes qui lui ont fait la cour. Ensemble ils évoquent l'amour qu'ils avaient cru rencontrer. Un magnifique personnage féminin, plein de vie et généreux, moderne, lucide. Très belle musique de Miklos Rozsa, merveilleuses scènes de bals romantiques, envoûtant décor pour l'idylle sur l'île avec l'amant (Alan Marshal). Un très beau film sur ce que nous appelons nos histoires d'amour : des souvenirs plus ou moins remaniés, des blessures plus ou moins refermées, des leçons plus ou moins comprises, des échecs impardonnables.
Appendix Sallustiana : Cicéron, Invective contre Salluste Chapitre 3
[3] III. Quant aux reproches que tu fais à ma jeunesse, toujours, j'ose le dire, j'ai été aussi éloigné de l'impudicité que toi de la chasteté. Mais à quoi bon me plaindre encore de toi ? de quelle imposture auras-tu honte, après avoir eu l'audace de me faire un crime de cette éloquence dont tu aurais eu sans cesse besoin pour te soustraire à la rigueur des lois ? penses-tu donc qu'un citoyen puisse jamais se rendre recommandable, s'il n'a été initié dans les lettres et dans l'art de l'orateur ? Penses-tu donc qu'il y ait d'autres berceaux pour la vertu et d'autres éléments capables de faire germer dans un coeur le désir de la gloire ? Mais il n'est point étonnant, pères conscrits, qu'un homme livré à la mollesse et à la luxure méconnaisse ces vérités et les considère comme des choses nouvelles ou hors d'usage. Lorsque avec une rage dont on n'a pas d'exemple tu as attaqué ma femme et ma fille, qui gardent plus de réserve avec les personnes d'un autre sexe que toi avec celles du tien, tu as agi avec assez d'adresse et de prudence ; tu n’as pas craint que je te rendisse la pareille en attaquant à mon tour et ta femme et ta fille ; mais tu peux à toi seul fournir un texte à mes récriminations, car il n'est personne de plus souillé que toi dans toute ta maison. Quel n'a pas encore été ton aveuglement, lorsque tu as tenté de m'exposer aux traits de l'envie en parlant de mes affaires domestiques ! mes richesses sont bien au-dessous de ce qu'elles devraient être : et plût aux dieux que je fusse moins opulent que je ne le suis, et que mes amis encore pleins de vie ne m'eussent point enrichi par leurs testaments ! Tu me traites de fugitif ; oui, Salluste, j'ai cédé à la fureur d'un tribun, aimant mieux m'exposer seul aux atteintes du sort que d'être la cause d'une guerre civile dont tout le peuple romain eût été la victime. Mais, quand ce tribun eut achevé son année tumultueuse, et quand la concorde et la paix eurent succédé au désordre, le sénat provoqua mon rappel et la république me ramena par la main au sein de ma patrie. Oui, il l'emporte dans mon coeur sur tous les autres jours de ma vie, ce jour où je vous vis tous accourir au milieu d'un peuple immense pour me féliciter sur mon heureux retour. Étais-je donc alors un fugitif, un avocat mercenaire ?
[1,3] C- PLINIUS CANINIO RUFO SUO S-
(1) Quid agit Comum, tuae meaeque deliciae? quid suburbanum amoenissimum, quid illa porticus uerna semper, quid g-platanohn opacissimus, quid euripus uiridis et gemmeus, quid subiectus et seruiens lacus, quid illa mollis et tamen solida gestatio, quid balineum illud quod plurimus sol implet et circumit, quid triclinia illa popularia illa paucorum, quid cubicula diurna nocturna? Possident te et per uices partiuntur? (2) An, ut solebas, intentione rei familiaris obeundae crebris excursionibus auocaris? Si possident, felix beatusque es; si minus, 'unus e multis'. (3) Quin tu - tempus enim - humiles et sordidas curas aliis mandas, et ipse te in alto isto pinguique secessu studiis asseris? Hoc sit negotium tuum hoc otium; hic labor haec quies; in his uigilia, in his etiam somnus reponatur. (4) Effinge aliquid et excude, quod sit perpetuo tuum. Nam reliqua rerum tuarum post te alium atque alium dominum sortientur, hoc numquam tuum desinet esse si semel coeperit. (5) Scio quem animum, quod horter ingenium; tu modo enitere ut tibi ipse sis tanti, quanti uideberis aliis si tibi fueris. Vale.
Traduction française :
[1,3] III. - PLINE SALUE SON CHER CANINIUS RUFUS.
Que devient Côme, vos délices et les miennes? Que devient cette charmante villa de la banlieue? Et ce portique où règne un éternel printemps? Et cet épais ombrage de platanes? Et ce canal dont les eaux vertes ont la limpidité des pierreries? Et ce bassin en contre-bas qui en recueille les eaux? Et cette allée pour la promenade en litière, au sol à la fois souple et ferme? Et cette piscine inondée de soleil à l'intérieur et à l'extérieur? Et ces salles à manger, l'une pour les réceptions nombreuses, l'autre pour l'intimité? Et ces chambres pour la sieste ou pour le sommeil? ces lieux ont-ils le bonheur de vous retenir et de vous posséder tour à tour? Ou bien, selon votre habitude, l'obligation de visiter vos domaines vous contraint-elle à les quitter par de fréquents voyages? S'ils vous retiennent, vous êtes le plus heureux des mortels. Sinon, un homme comme il y en a tant. Que ne confiez-vous à d'autres, il en est temps enfin, ces soucis bas et mesquins, pour vous adonner aux lettres dans cette retraite paisible et profonde? Quels que soient vos affaires, vos loisirs, votre labeur, vos délassements, consacrez-leur vos veilles, votre sommeil même. Ciselez, polissez une oeuvre qui vous appartienne pour toujours. Tous vos autres biens, après vous, changeront mille fois de maîtres, mais la gloire littéraire, du jour où vous l'aurez acquise, ne cessera jamais d'être à vous. Je sais à quelle âme, à quelle intelligence je m'adresse. Tâchez seulement d'avoir pour vous l'estime que vous témoignera le public, si vous l'accordez à vous-même. Adieu.
Si tel est le cas, ta félicité est celle d'un dieu.
Et sinon quoi : te voilà juste un homme comme il y en a tant!