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mardi 9 août 2022

Les cousins Baudot


   
Une soeur de ma grand-mère paternelle, Anne Lemerle avait épousé Marcel Baudot, un de ses condisciples de l'Ecole des Chartes. J'avais souvent entendu parler de leur passion commune pour l'histoire et les archives, et en particulier de leur ouvrage commun " Le Grand cartulaire du chapitre Saint- Julien de Brioude. Essai de restitution" publié à Clermont-Ferrand, aux éditions de Bessac en 1935.

    Voici le compte rendu qu'en donnait dans la Année 1936 97 pp. 394-395 :

    Anne Lemerle et Marcel Baudot débutent par un magistral exposé de l'histoire des cartulaires du chapitre Saint-Julien de Brioude. Ces recueils étaient au nombre de deux, et l'on distinguait, au xviie et au xviiie siècle, le petit cartulaire ou Liber Viridis et le grand cartulaire ; le premier datait de la fin du хiiiе siècle et le second, le seul dont il est ici question, avaitété constitué à la fin du xie siècle ; au cours du xviie siècle, plusieurs feuillets en avaient été arrachés dans le corps du manuscrit et avaient disparu. Mais, outre ces deux recueils, aujourd'hui perdus et qui ont été détruits sans doute au cours de la tourmente révolutionnaire, n'en a-t-il pas existé un troisième? A la fin du xviie siècle, un généalogiste auvergnat du nom de Jean-Pierre de Bar, au service de la famille de Bouillon-Latour, l'a prétendu. En 1694, il présenta, en effet, à MM. de Gaumartin et d'Hozier, amis du cardinal de Bouillon, membre le plus vaniteux et le plus infatué de noblesse de la maison de Latour-d'Auvergne, des chartes établissant d'une manière péremptoire la filiation des Bouillon-Latour aux anciens ducs d'Aquitaine. Les textes mis à jour étaient consignés sur six feuillets que de Bar prétendait appartenir à une recension jusqu'alors ignorée du grand cartulaire de Brioude, aussi ancienne et plus complète que celle alors connue. Or, par un hasard étrange, cette découverte comblait une partie des lacunes constatées dans le grand cartulaire et aussi dans l'arbre généalogique des Bouillon-Latour, le tout à la plus grande gloire de cette maison. Dès 1696, une si bonne fortune parut suspecte et, quatre années plus tard, le caractère apocryphe des feuillets découverts se révéla incontestable.

    Dès 1698, en effet, le cardinal de Bouillon avait été disgracié et, le 5 août 1700, Jean de Bar, son chargé d'affaires, fut arrêté comme faussaire : au cours d'une perquisition opérée à son domicile, on découvrit, outre une officine de documents apocryphes, des projets de brouillons des fameux feuillets soi-disant mis à jour. Désormais, l'authenticité de la découverte de Jean de Bar n'était plus défendable.
L'ouvrage de M. et de Mme Baudot n'est autre qu'une réédition du cartulaire de Brioude déjà publié en 1863 par Doniol. Mais, tandis que l'érudit du xixe siècle n'avait utilisé que le manuscrit latin 9086 de la Bibliothèque nationale, très incomplet et souvent fautif, les deux auteurs en ont connu quatorze autres. Grâce à ces variantes, ils ont pu reconstituer du Grand Cartulaire de Brioude un texte plus complet comprenant 454 chartes au lieu des 341 comprises dans l'édition de Doniol. Les deux auteurs n'ont pas omis, dans leur édition, les actes faux soi-disant découverts par de Bar, en raison de la part de vérité que peuvent, quant au fond, renfermer ces apocryphes. Mais l'édition Doniol a servi de base au présent travail et les deux auteurs se sont contentés d'apporter des additions et des corrections à la publication de 1863.
 
    L'ouvrage de M. et de Mme Baudot constitue un modèle d'édition critique ; exécuté avec un soin consommé, il fait le plus grand honneur à l'érudition française.
 
                                                                                                    Et. Delcambre.
 
   En revanche je n'avais jamais entendu parler du rôle joué par ce couple d'érudits   pendant la guerre, periode sur laquelle Marcel Baudot a pourtant beaucoup écrit.
 
 
 Sous le nom de code "commandant Breteuil" il occupa d'importantes responsabilité en Basse-Normandie au sein de la Résistance, notamment en qualité de Chef des Forces françaises de l'Intérieur de l'Eure (1943-1944); membre du réseau "Cohors-Asturies", il était en particulier chargé de centraliser les renseignements concernant les rampes de lancement des V1, les emplacements de DCA, les productions de matériel destinées à l’Allemagne. On trouve une petite biographie par André Perreaux dans un article intitulé " Une vie de chercheur sur la Normandie : Marcel Baudot" paru dans la revue Études Normandes ( 41e année, n°2, 1992). 
 
 

Le Pavillon Fleuri, à Evreux 
 



 Anne Lemerle s'est beaucoup interessée à l'histoire de l'Auvergne, et en particulier à tout ce qui pouvait toucher aux origines de sa famille, et au domaine de Folgoux acquis au lendemain de la Révolution. Ainsi par exemple dans cet article sur la baronnie du Clavelier, qui figurait, ruines et vestiges, dans les titres de propriété de Folgoux.
 
 
 

vendredi 5 août 2022

Le notaire royal 


Oui, notaire royal - De plus homme d'honneur. - Cela s'en va sans dire, Molière, Éc. des maris, III, 5.

On trouve de nombreux notaires royaux dans la généalogie Lemerle. C'est pourquoi j'ai trouvé utile de rassembler quelques informations sur le sujet.

Rédigeant et authentifiant les actes engageant deux parties, les notaires jouent un rôle essentiel dans la société depuis deux millénaires. A l’origine secrétaire d’un riche citoyen romain, le notarius va voir son statut évoluer et être investi par une autorité au nom de laquelle il exerce : le roi, un seigneur, ou encore un évêque. 

Jusqu’à la fin du XVIe siècle, le notaire n’était qu’un des quatre intervenants – aux côtés du tabellion, du garde-notes et du garde-scel – dans la production d’actes privés : leur authentification ne lui incombait pas encore, puisqu’elle demeurait le fait du « garde du scel royal établi par le roy aux contrats de la chancellerie du pays et duché », et le devenir de l’acte, produit en un unique exemplaire original, lui échappait totalement dès la rédaction achevée.

 L’édit de Villers-Cotterêts, daté de 1539, est fondamental pour le notariat car il institue des bases solides pour le métier, qui sont encore respectées aujourd’hui : l’obligation de rédiger les actes en français (jusque là le latin était majoritairement utilisé) et de conserver ses minutes ainsi que celles de ses prédécesseurs de manière pérenne.

À partir de 1597, Henri IV, soucieux d’homogénéiser les statuts afin de mieux maîtriser la vénalité des offices, incorpore les notaires royaux héréditaires au domaine royal, avec les « droits, profits et revenus attribuez aux tabellions et garde-notes »

2016 07 544 F1bLe notaire royal agit donc au nom du roi ; les actes qu’il valide feront foi devant la justice. Par conséquent, n’est pas notaire qui veut. Il faut pour cela remplir certaines conditions, notamment satisfaire à une enquête de bonne vie et mœurs, être de religion catholique et bien sûr recevoir des lettres de provision d’office de la part du roi.
Cet office est une charge vénale : afin de pouvoir l’exercer, le notaire achète sa charge au roi. Ce système, étendu à d’autres domaines dans lesquels le roi délègue un pouvoir, permet à la monarchie de s’assurer d’importants revenus.
 
Le droit de marc d’or des offices était une taxe censée correspondre au droit de serment reçu au nom du roi par un officier du siège royal auprès duquel des notaires avaient été créés. Il variait suivant la valeur de la finance de l’office et reflétait globalement l’honneur et le rang qu’il conférait à son titulaire ]Jean Nagle, Le droit de marc d’or des offices, Genève, Droz,…. Sous Louis XIV et Louis XV, ce droit s’élevait invariablement à 42 livres pour les notaires à la résidence de Montluçon, qu’ils fussent attachés à la ville proprement dite ou à la châtellenie tout entière. Cela atteste également le rôle de siège subalterne de juridictions royales qu’occupait Montluçon, située entre les gros bourgs (marc d’or de 27 livres) et les villes moyennes, chefs-lieux de bailliage ou sièges de petits évêchés (marc d’or de 54 livres). Si l’on se réfère à cette taxe, on constate qu’un notaire royal à Montluçon paie presque deux fois moins qu’un confrère à la résidence de Moulins (81 livres). Inversement, un notaire de Montluçon s’acquitte d’un droit sensiblement plus élevé que ses confrères aux résidences d’Hérisson et de Saint-Amand (27 livres), qui sont également sièges de châtellenie. 
 
À partir de 1597, les notaires royaux deviennent propriétaires à demeure de leurs offices et ont la faculté de les transmettre librement à leur héritiers, après paiement de la taxe d’hérédité. La vente des offices n’en fait pas moins l’objet de contrats en bonne et due forme, généralement passés par-devant notaire ou, plus rarement, sous seing privé ou par voie d’adjudication en justice. En 1722, la casualité est rétablie pour tous les offices, et ce, jusqu’en 1743, année où les notaires obtiennent le retour au régime héréditaire antérieur.
 
Dans son étude du notariat français, M. Moreau a souligné combien les notaires étaient pléthoriques dans la France d’Ancien Régime Alain Moreau, Les métamorphoses du scribe. Histoire du notariat….  À la veille de la Révolution,  le ratio s’établit en moyenne à un notaire pour 1 000 à 1 500 habitants dans les grandes villes. L’encadrement notarial, traditionnellement plus fort dans les petites villes que dans les grandes.

Sous Louis XIII et plus encore lors de la régence d’Anne d’Autriche, le nombre de notaires avait été multiplié déraisonnablement pour augmenter les ressources du Trésor royal.

Au début du gouvernement personnel de Louis XIV s’ajoutent les effets pervers de la politique d’un Colbert soucieux de relever les finances de l’État. Sous prétexte d’assainir la situation créée par ses prédécesseurs, le contrôleur général des finances met les officiers royaux sous pression par les édits de 1663 et 1664 Ludovic Langlois, La communauté des notaires de Tours...,…. L’édit de réduction d’avril 1664 impose l’extinction de tous les offices vacants et le rachat des offices appelés à vaquer par mort, de sorte qu’il ne demeure plus qu’un notaire royal par paroisse de 60 feux. Pour la ville de Montluçon (plus de 1 000 feux), quatre offices seulement furent réservés, alors qu’elle en comptait près du triple depuis trente-cinq ans. Conformément à l’esprit de l’édit, ce furent les notaires les plus jeunes qui bénéficièrent de la réserve.

La suppression de la moitié des offices, en 1664-1670, provoqua des initiatives isolées et non le sursaut collectif qui aurait pu aboutir à la création d’une communauté. Toutefois, la tourmente avait cessé : conscient de l’émoi que l’édit de 1664 et ses avatars avaient occasionné [20][20]Comme en d’autres provinces, les consuls et habitants,…, le Conseil du roi radoucit sa position moyennant finance.

Comme les huissiers, les greffiers et les procureurs, les notaires appartiennent à la classe des praticiens de l'Ancien Régime, qui ne suivent généralement aucune étude de droit. Leur formation repose donc sur la pratique juridique empirique.

Par l'acte illustrant cet article Catherine de Médicis accorde à Antoine Gély de reprendre l’office de notaire à Saint-Martin-Valmeroux, détenu auparavant par feu Jacques Delapierre.Il est à noter que la suscription de l’acte (les premières lignes présentant la personne qui agit) qualifie Catherine de Médicis de « royne de France » ainsi que de « duchesse d’Auvergne ». La reine mère agit en réalité non en tant que reine de France mais comme régente, son fils Charles IX n’étant déclaré majeur que quelques mois plus tard, en août 1563. Quant à la deuxième titulature, elle est volontairement inexacte. Il a bel et bien existé, à différentes périodes du Moyen-Age et de l’époque moderne, un duché d’Auvergne qui englobait Aurillac, Clermont et La Chaise-Dieu, mais ce duché avait rejoint les possessions de la couronne suite à la mort de Louise de Savoie, mère de François Ier, en 1531, et le titre n’était plus porté en 1563. En revanche, Catherine de Médicis est héritière du côté de sa mère du comté d’Auvergne, qui comprend la seigneurie de La Tour d’Auvergne à cheval entre le Cantal et le Puy-de-Dôme actuels, ainsi que Saint-Saturnin et Vic-le-Comte. Mais il va de soi que, lorsqu’on est reine, il est préférable de se dire duchesse plutôt que comtesse, d’autant plus que personne n’osera vous contredire…

Le contenu même de l’acte est peu original. Il reprend les formules et clauses habituelles des lettres de provision d’office : « avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes l’office de notaire royal au lieu de St Martin de Valmarous au Hault-Auvergne […] et ledit office avoir, tenir et doresnavant exercer par ledit Gély ». Il reviendra à Antoine Gély de présenter ces lettres de provision au bailli des Montagnes d’Auvergne, représentant du roi installé à Saint-Martin-Valmeroux, afin de prendre définitivement possession de sa charge. L’acte est daté du « VIe jour de avril l’an de grace mil cinq cens soixante deux avant Pasques. » Cette précision finale nous rappelle que la chancellerie royale établissait le début de l’année civile à Pâques, et ce jusqu’en 1564. Il faut donc calculer que la période comprise entre le 1er janvier et Pâques 1562 correspond pour nous au début de l’année 1563.
On ne sera pas étonné que ce document ne soit pas décoré : les lettres de provisions d’office ne sont jamais luxueuses. Il faut toutefois remarquer que les deux-tiers du parchemin, cachés par le repli, sont vierges, alors que la matière est coûteuse. L’incision à droite de la signature est le seul vestige de la présence d’un sceau pendant fixé sur une bande de parchemin, appelée « double queue » puisqu’elle dépassait des deux côtés du repli. Quant à la signature elle-même, il s’agit bien sûr de celle d’un secrétaire, la reine de France et duchesse d’Auvergne ne signant pas chaque acte passé en son nom. 
 
A lire également bien sûr l'article de l'oncle Baudot sur les archives notariales en France !
 
https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1963_num_40_1_1717
 
 Et aussi :
  • "Le notaire certifiant que les testatrices ont voulu faire une disposition en sa faveur, il n'y a de prouvé que sa faute ; et sa responsabilité en est la conséquence. Si les testatrices devaient savoir qu'elles étaient ses créancières, devait-il ignorer qu'il était leur débiteur ?" — (François-Antoine Vazeille, Résumé et conférence des commentaires du Code civil, sur les successions, donations et testamens, tome 2, Clermont-Ferrand : chez Thibaud-Landriot & Riom : chez Thibaud fils, 1837, p. 542)

                                                    (LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 142).
 


vendredi 29 avril 2022

 

XV. LA MAISON DE LASTIC.


 DE GUEULE A LA FASCE D'ARGENT.

I. HENRY SEIGNEUR DE LASTIC.

ALDÉARDE DE MERCOEUR (vers 1040).

Henry, né vers 1015, prit le nom de la Châtellenie de Lastic 1, mouvante de la baronnie de Mercoeur, en Auvergne ; il mourut vers l'an 1084 et eut d'Aldéarde de Mercoeur, sa femme, deux enfants

II. ETIENNE Ier SEIGNEUR DE LASTIC..

Etienne Ier, seigneur de Lastic et de Montsuc, porta les armes comme son père et mourut vers l'an 1161

III. HENRY II SEIGNEUR DE LASTIC. BERTHE (vers 1145).

Henry II, seigneur de Lastic et de Montsuc, guerrier comme tous les chefs des maisons nobles de son temps, était mort en 1185 et eut de Berthe, sa femme, deux enfants  

IV. HUGUES SEIGNEUR DE LASTIC. ERMANGARDE D'HENRY (1195).

Hugues, seigneur de Lastic et de Montsuc, chevalier, prit part aux guerres contre les Albigeois commandés par Raymond, comte de Toulouse, en 1211 et années suivantes, et s'y distingua. Les chroniques de l'époque rapportent qu'il donna le conseil à Simon, dit Machabée,comte de Montfort, général des croisés, de ne pas attendre l'ennemi derrière les murs de Carcassonne, mais de tenir la campagne pour arrêter sa marche, avis que le duc de Montfort suivit et dont le résultat prouva la sagesse 1.

Plus tard, vers la fin de la même croisade, il prononça des paroles d'indulgence, d'humanité et de justice en faveur des habitants de Beaucaire, qui avaient ouvert les portes de la ville à leur jeune comte et tenaient la garnison bloquée dans le château; enfin, lorsque Simon de Montfort, après plusieurs assauts infructueux, cherchait, malgré l'opinion de ses principaux compagnons, à entraîner à une dernière attaque contre. Toulouse ses soldats découragés, une voix, dont il aurait dû encore écouter la sagesse, lui conseilla une retraite que la prudence commandait, et ce fut la voix de Hugues de Lastic .

En 1226, il fit, avec sa femme Ermangarde, diverses fondations en l'église de Brioude, et mourut vers 1240, laissant de son mariage :

V. BOMPAR 1er SEIGNEUR DE LASTIC ET DE VALEILLES. ALIX DAME DE VALEILLES (1230).

Bompar 1er, seigneur de Lastic, de Montsuc et de Valeilles, transigea en 1254, ainsi que plusieurs autres chevaliers et barons d'Auvergne, avec Alphonse, comte de Poitiers, frère du roi saint Louis, seigneur de la terre d'Auvergne, érigée plus tard en duché, au sujet des franchises et immunités de la noblesse de cette province, enfreinte en plusieurs points par les officiers d'Alphonse, auquel des plaintes avaient été adressées. Il est qualifié de sire de Lastic dans cet acte. Il ne vivait plus en 1256. Marié en 1230 avec Alix, dame de Valeilles, il en eut trois enfants : 1° Bertrand Bompar qui suit; 2° Guillaume Bompar, chanoine comte de Brioude, abbé de Saint-André de Mégemont-lès-Clermont, de 1243 à 12512. Au mois de juillet 1261, il fit don au chapitre de Brioude, pour le repos de l'âme de ses oncles, du domaine direct de ses dîmes de Mazeiras, Montchassela, Biroc et leurs appartenances, sauf le domaine utile et la propriété des mêmes dîmes qu'il reconnut, par cet acte, tenir en fief du chapitre, sous là redevance d'une obole d'or de cens payable chaque année à la saint André. En raison de quoi il rendit de suite hommage et jura, fidélité au même chapitre pour lui, ses héritiers et successeurs, du consentement de Dalmas de Fontenille, son beaufrère, de Pierre de Lastic, chanoine de Brioude, son oncle, et de François, Etienne et Guillaume de Fontenille, ses neveux.

Le sceau de Guillaume de Lastic pendant à cette charte est une fasce d'argent sur un fond de gueule. Le vendredi après l'Octave de la fête de saint Pierre et saint Paul 1269, il prit part à une transaction et arbitrage entre son chapitre et celui de Pibrac, pour mettre fin à de longues et regrettables discussions, à raison de plusieurs Mas dépendant de VieilleBrioude. Son sceau est attaché à ce titre 1.

Il fut présent à une autre transaction, de 1277 , entre le chapitre de Brioude et Ithier de Rochefort, doyen de la même église, à l'occasion d'une mine d'argent que l'on comptait trouver au terroir de Chazelles2. Il vivait encore en 1280 et assista à cette époque au traité passé entre le chapitre et Béraud sire de Mercoeur.

Dans une charte, il est qualifié prieur de VieilleBrioude. 3° Louise, mariée à Dalmas de Fontenille, chevalier, qui approuva la donation faite, en 1261, au chapitre de Brioude par Guillaume Bompar de Lastic. Son sceau pendant à cette charte est un écu chargé de quatre pals.

VI. BERTRAND BOMPAR II SEIGNEUR DE LASTIC, DE VALEILLES ET DE PAULIAC. ALDE D'AURILLAC (1258).

Bertrand Bompar II, seigneur de Lastic, de Montsuc, de Valeilles et de Pauliac, chevalier , rendit hommage en 1256, avec Alix sa mère, dame de Valeilles, du château et seigneurie de ce nom, à l'évêque de Clermont, à cause de son comté d'Alleuze^ quoique cette terre eût toujours été auparavant un alleu noble et indépendant 1. Il accorda, tant pour lui que pour ses successeurs, à Bernard de Vernoire, archiprêtre de Saint-Flour et prieur de Pauliac, par charte du jeudi après la fête de la Résurrection de N.-S. JésusChrist de l'an 1262, le droit de lever la dîme dans toute l'étendue de sa terre de Pauliac et sur Celles de ses feudataires. Il promit de faire garantir cette donation par sa mère et par ses héritiers. Il prenait la qualité de sire de Lastic en 1263 et en 1270, époque de sa mort, suivant le nécrologe de saint Julien de Brioude. Il est rappelé, avec le titre de chevalier, dans le compte-rendu de 1288 par Antoine de Léotoing et Bernard de Charny, chanoines de Brioude, touchant les fondations faites en faveur de cette église, où, à l'article des messes, il s'en trouve une annotée pour Bertrand Bompar de Lastic, ce qui démontre que, de son vivant, il avait exercé ses libéralités envers ce chapitre 2. Il avait épousé, en 1258, Aide d'Aurillac, qui est rappelée dans le testament de Pierre, son fils, en 1299.

VII. PIERRE BOMPAR III SEIGNEUR DE LASTIC, DE VALEILLES ET DE PAULIAC. GALIENNE DU BEC (1276).

Pierre Bompar III, seigneur de Lastic, de Montsuc, de Valeilles et de Pauliac, chevalier damoiseau, renouvela, en 1276, à l'évêque de Clermont, les foi et hommage pour sa terre de Valeilles soumise à cet évêché par son aïeule, en 1256. En 1272, il avait fourni aveu et dénombrement à Godefroy, prieur du couvent de Saint-Flour, à raison d'un courtil nommé le Chaminade, du Mas de Scaurat et de ses appartenances, en la paroisse de Cussac, et d'autres héritages qu'il avait reçus de ce monastère en indemnité et retour de dîmes cédées par lui dans ses terres de Cézen, Pauliac et Oradour, ainsi que pour la forteresse qu'il devait édifier à Cussac dans les fief et seigneurie du couvent, à condition qu'après la construction du tiers de la tour à élever, l'abbé fournirait vingt-cinq livres tournois pour l'achever. Il rendit encore foi et hommage, en 1281 , au roi Philippe-leHardi, en sa qualité de seigneur du comté d'Auvergne, pour la terre de Lastic et transigea, le samedi après la fête de l'Annonciation delà Vierge, en 1300, avec Sobeiranne de Pierrefort, femme d'Etienne Bompar, son fils aîné, au sujet de sa dot assignée sur le Mas de Pauliajol, dont il avait vendu une partie à Jean d'Ussel. Par cet acte, où il a la qualité de damoiseau, il donna en indemnité à sa bru dix livres de rente à prendre sur le Mas d'Obax et ses appartenances et sur le fief du Puy, en la paroisse de Cézen.

Il avait épousé, en 1276, Galienne du Bec, dame de Valeilles 1, qui ne vivait plus lors du testament de son mari, en 1299, dans lequel elle est rappelée.

Pierre Bompar de Lastic assista, en 1310, au contrat de mariage d'Alasie de Lastic, sa petite-fille, avec Draconde Châteauneuf, damoiseau, comme le prouvent des lettres de 1317, époque de sa mort. Il élut sa sépulture au cimetière du prieuré de Rochefort, disposa de cinquante livres tournois pour le repos de l'âme d'Aide, sa mère, et de celle de Galienne, son épouse, en faveur de diverses églises ; fit un legs aux filles pauvres de ses terres de Lastic et de Valeilles, et plusieurs autres donations pieuses dont une de cinq sous tournois à l'hôpital du Val-de-Rouade, et fonda un obit au prieuré de Rochefort.

VIII. ETIENNE BOMPAR IV SEIGNEUR DE LASTIC, DE VALEILLES, DE PAULIAC, etc, SOUBEIRANNE DE PIERREFORT (1298).

Etienne II, Bompar IV, seigneur de Lastic, Valeilles, Pauliac et autres lieux, chevalier, est qualifié dans plusieurs actes et notamment dans une charte de l'église de Pibrac, de l'an 1296, de damoiseau et de haut et puissant seigneur. Il épousa, en 1298, Soubeiranne, fille de Gislebert, seigneur de Pierrefort, chevalier, laquelle vivait en 1334, lors du testament de son mari qui lui assigne pour douaire, sa vie durant, son domaine de Stors, avec tous ses droits, et cent livres de cens à prendre sur sa terre et paroisse de Cézen. Elle était morte au mois d'août 1343.

Les avantages qui avaient été faits à Etienne Bompar, lors de son mariage, furent ratifiés par le testament de Pierre Bompar, son père. Il assista à l'acte de remploi d'une partie de la dot de sa femme, en 1300, et émancipa en 1312, par acte du lundi après la St-Pierre-ès-Liens, Pierre Bompar, son fils. Il testa le 10 juin 1334, élut sa sépulture au prieuré de Rochefort, tombeau de la famille, fit divers legs pieux, institua son héritier universel Etienne de Lastic, son second fils, établit une substitution graduelle entre tous ses enfants , légua cent livres tournois 'pour servir à marier treize pauvres filles de sa terre de Valeilles et douze de sa terre de Lastic, légua à Guillaume de la Faye de Chaslin, son écuyer, cinquante livres tournois de rente viagère, nomma, pour être ses exécuteurs testamentaires, Aldebert de Pierrefort, chanoine de Rodez, et Bertrand, seigneur de Pierrefort, ses beaux-frères, Guillaume de Taillac, chevalier, Aldebert de Lastic, son fils, et autres seigneurs. Il fut présent, en 1336, au contrat de mariage d'Etienne, son fils, et était mort le 6 avril 1340, suivant une transaction de ce jour dans laquelle il est mentionné.

IX . ETIENNE BOMPAR VI, SEIGNEUR DE LASTIC, VALEILLES, PAULIAC, ETC.

AHÉLIS DE MONTAGU (1336).

Etienne III, Bompar VI, dit le Jeune, seigneur de Lastic, de Valeilles, Saint-Pons, Champeils et Lodève, chevalier, fils puiné d'Etienne II Bompar IV et de Soubeirane de Pierrefort, émancipé par son père, transigea en 1343 avec Éléonore, dame de Cabrejols, sa nièce. En 1344, Bernard de Rochefort, époux de Marie de Montuéjols, en rendant à Pierre André, évêque de Clermont, foi et hommage de sa terre de Moissac et autres, ainsi que des droits qu'il a acquis sur la terre de Lastic, du chef de sa femme, pour sa part de la succession de son aïeul, reconnaît avoir reçu ce qui lui revient de noble Etienne Bompar, homme d'armes, et maintenant seigneur de Lastic, son oncle et son tuteur 1. Il a dans plusieurs autres actes la qualité de noble et puissant seigneur et rendit hommage, en 1352, à l'évêque de Clermont pour sa terre de Valeilles; se trouva en 1356 à la bataille dé Poitiers, servit dans toutes les guerres contre les Anglais, sous les règnes de Jean 1er et de Charles V, fit don à Jean, son fils aîné,le 12 octobre 1358, de son château et châtellenie de Valeilles, pour qu'il pût soutenir plus dignement son rang, assista à son contrat de mariage, en la même année, fut un des exécuteurs testamentaires d'Éléonore de Lastic et rendît encore foi et hommage, le 11 janvier 1364, au dauphin, comte d'Auvergne, sire baron de Mercoeur, de ses seigneuries et terres de Lastic et de SaintPons.

Etienne Bompar de Lastic ne vivait plus en 1371, et avait épousé, par contrat du jeudi après la quinzaine de la Nativité de saint Jean-Baptiste 1336, Ahélis de Montagu, dame de Champeils, de Saint-Pons et de Lodève, fille de noble et puissant seigneur Pierre de Montagu et d'Isabelle, daupliine d'Auvergne, par son père, Robert III, comte de Clermont, époux d'Isabeau de Châtillon-en-Bazois. Elle apporta en dot à son mari de vastes domaines provenant du côté paternel et maternel, et son mari lui assigna pour douaire cinquante-cinq livres tournois de rente viagère sur le château de Lastic.

X. JEAN BOMPAR VII SEIGNEUR DE LASTIC, VALEILLES, UNZAC, SEGONZAC, ETC. HÉLIS DE MONCELLEZ (1358).

Jean 1er Bompar VII, seigneur de Lastic, de Valeilles, d'Unzac, de Segonzac et autres lieux, chevalier, servit dans les guerres contre les Anglais. Il était prisonnier en 1385, lorsque la dauphine d'Auvergne, comtesse de Clermont, intercéda en sa faveur auprès du comte d'Armagnac par une lettre ainsi conçue :

« Cher Sire, il est ainsi que le seigneur de Lastic, frère du porteur des présentes, est prisonnier des Alonze. Si vous prie, cher Sire, tant chèrement que je puis, qu'il vous plaise de le avoir pour recommandé et lui aidies, s'il vous plaist, à sa délivrance et à soustenir son bon droit, car il avoit saufeonduit des Anglois. Si je vous prie que en ce ne me veuilles faillir, car votre parole lui vauldra moult et veuilles sçavoir, cher Sire, que ledit seigneur de Lastic est du lignage de Monsieur et, par ce, je vous escry plus affectueusement,

« Escript à Ardes le vingt et huit jour de may.

Il était mort avant le 29 février 1392, que ses enfants partagèrent sa succession; il avait fait deux testaments, comme on le voit par une transaction du 21 juillet 1395, et avait épousé, en janvier 1358, Hélis de Moncellez, dame d'Unzac et de Segonzac, veuve de Jean Trolhart, seigneur du Breuil, chevalier, dont elle avait eu une fille, morte avant elle. Elle apporta à son mari ses deux terres avec tous leurs droits et revenus, appartenances et dépendances qui lui étaient échues de la succession de son père, ainsi que tout ce qui pouvait lui échoir. Elle eut en douaire cinquante livres tournois, et vivait encore en 1408.

XI. ETIENNE BOMPAR VIII SEIGNEUR DE LASTIC, DE VALEILLES, ETC.

AGNÈS DE TAILLAC, DAME DE MONTSUC (1392).

Etienne IV, Bompar VIII, seigneur de Lastic, de Valeilles et autres lieux, chevalier, homme d'armes des ordonnances du roi, dans la compagnie du comte de Clermont, Béraud II, dit le Grand, Dauphin d'Auvergne, en 1383 et 1384, prit part à toutes les guerres du temps. Il fournit son aveu et dénombrement à Henry, évêque de Clermont, pour ce qu'il tenait de son évêché, testa le 7 août 1426, élut sa sépulture au mont de Bochefort, fit divers legs à ses enfants et en faveur de quelques parents, fonda un obit dans la paroisse de Neuféglise, pour le 18 août de chaque année, suivant une quittance donnée le 18 septembre 1511, par la communauté des prêtres de cette église, à Louis , seigneur de Lastic, son petit-fils. Il avait épousé, le 31 décembre 1392, Agnès de Taillac, dame de Montsuc, fille de noble et puissant seigneur. Astorge de Taillac, damoiseau, et d'Élie de Vissac. Elle était morte lors du testament de son mari.

Il fut substitué aux biens de la maison d'Apchier, en 1400, par Guérin, l'aîné de ses frères, et le 20 janvier 1452, par Béraud , un autre de ses frères '.

XII. DRAGUINET, SEIGNEUR DE LASTIC , VALEILLES, MONTSUC, ETC.

GABBIELLE DE PEYROLS , DAME DE SAINT-DIERY ET LANGLADE (1435).

Draguinet, seigneur de Lastic, de Valeilles, Montsuc 2, SaintDiéry., Langlade et autres lieux, chevalier, conseiller chambellan de Louis II de Bourbon, comte de Montpensier, puis du roi Charles VII, grand-maître de l'hôtel de la reine Charlotte de Savoie, servit en qualité de chevalier-bachelier dans les guerres contre les Anglais de 1419 à 1423. En 1426, il était chargé de la garde et défense des villes et châteaux de Poiron et de Tournon en Dauphine 3. Il fut un des commissaires ordinaires du roi pour l'imposition de l'aide de dix-huit mille livres octroyées à Sa Majesté par les gens des trois états du pays d'Auvergne et donna quittance au receveur de cet aide, les 22 octobre 1441 et 10 février 1442. Il acquit en 1443 de Jacques de Montmorin, seigneur de Chac et Rillac, moyennant la somme de huit cents réaux d'or, tous les cens et rentes en blé, argent et autres denrées qui lui appartenaient aux lieux de Bodabat, Aubatz, la Vallette, Chassaigremoret et Brolliet, situés dans les juridictions et paroisses de Valeilles, Cézen et Cussac, le tout ayant été autrefois des appartenances de la terre et châtellenie de Valeilles et vendu aux prédécesseurs de Jacques de Montmorin par ceux de Draguinet de Lastic. Il rendit foi' et hommage de sa terre de Lastic à Louis de Bourbon, dauphin d'Auvergne, et de celle de Valeilles aux évêques de Clermont et de Saint-Flour, seigneurs suzerains. Il fit et confirma diverses donations aux frères mineurs de Clermont et à d'autres couvents d'ordres mendiants; releva tous ses officiers, tant capitaines, châtelains qu'autres de grades inférieurs, de leur serment de fidélité, voulant qu'ils obéissent à l'avenir à Pons de Lastic et à ses enfants mâles. Il fut député par Louis de Bourbon, en 1469, avec Pierre Boinol, doyen de Nolre-Dame-du-Port, à Clermont, pour recevoir le serment des ecclésiastiques, des nobles et des villes de la vicomte de Cariât et de Murat, par lequel on promettait de ne plus reconnaître Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, pour vicomte, s'il rompait le traité de paix, arrêté à SaintFlour, le 17 janvier de cette année entre lui et Chabannes , plénipotentiaire du roi. Sa mort arriva au mois de janvier 1473, suivant une transaction du 11 mars de cette année, et il fut enterré dans l'église du prieuré de la Voûte, selon la fondation faite par son frère et successeur en 1484. Marié.à Gabrielle de Peyrols, dame de Saint-Diéry et de Langlade, qui fit don, par acte du 30 juin 1468, de l'hôtel et lieu de Langlade avec vingt-cinq livres de rente seigneuriale, sauf l'usufruit, à Bobinet de Murol, chevalier, neveu de son mari, lors de son mariage avec Gabrielle de Beaufort - de Saint-Quentin, sa nièce

Gabrielle de Lastic, dame de Saint-Diéry, mariée par contrat du premier juin 1454, à Jacques de Tourzel,(voir chapitre XIV) chevalier, noble et puissant seigneur, baron d'Allègre, de Livradois, Meillan et autres lieux, conseiller chambellan du roi, auquel elle apporta en dot le château de Saint-Diéry, nommé le châtel souverain, avec deux cent cinquante livres de rente, la somme de cinq mille écus d'or et d'autres biens et droits. Elle était morte lors de la transaction du 11 mars 1473.