Les Amants raconte la vie d'une jeune femme (Jeanne Moreau) qui semble-t-il a tout pour être heureuse, mais qui s'ennuie. Elle a épousé le propriétaire d'un journal de province (Alain Cuny) un homme riche et intelligent, qui lui laisse mener une existence bourgeoise assez libre. Elle se rend souvent à Paris chez une amie d'enfance (Judith Magre) qui lui a présenté un joueur de polo (José Luis de Vilallonga) dont elle est tombée amoureuse. L'héroïne grisée par ses va-et-viens entre ces deux vies parallèles, n'en mesure pas l'absurdité, jusqu'au jour où elle doit affronter la présence de son mari et de son amant. Elle se tourne alors vers un troisième homme (Jean-Marc Bory), avec lequel elle ne partage rien qu'une puissante attirance charnelle et pour lequel elle quitte tout.
C'est un film en noir et blanc d'une grande élégance. Par les costumes (Moreau habillée par Chanel) et les décors, bien sûr, par la finesse des personnages et des acteurs ensuite, et surtout par la nature du propos : la femme infidèle n'est pas dépravée, elle est d'ailleurs à peine amoureuse. Elle a trouvé sans l'avoir spécialement recherché, un simple remède à son ennui. Quant au mari, il n'est pas en colère, à peine jaloux : parfaitement maître de soi, il convoque l'amant dont il ne fera qu'une bouchée, sans en tirer pourtant nulle victoire. L'amant n'est pas un séducteur, c'est presque un songe : personne ne l'a vu venir, et surtout pas elle. Il a le charme innocent de tout ce qu'elle ne connaît pas et elle se donne à lui sans retenue.
Ce film a beaucoup choqué lors de sa sortie : si l'on y voit la défense d'une femme libre moderne et libertine, qui abandonne son foyer sans l'ombre d'un remords, alors oui ce film est choquant. Mais si l'on y voit plutôt l'histoire d'un personnage qui s'émancipe des limites terribles, toutes dorées qu'elles soient, que lui assignent son milieu social, alors c'est un hymne magnifique à la liberté et à l'amour.
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