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lundi 19 décembre 2011

Généalogie de Marie, reine d'Ecosse.


Dans ce magnifique arbre généalogique, Marie Stuart se trouve au centre de la deuxième ligne, entourée de ses deux premiers maris : à gauche François II, roi de France, qu'elle épousa en 1558, et à droite Henri Stuart, dit lord Darnley, comte de Lennox puis duc d'Albany, qu'elle épousa en 1565.

A la troisième ligne figurent deux couples . Le couple de gauche représente les parents de Marie Stuart, Jacques V, roi d'Ecosse, qui épousa en 1538 Marie de Guise, duchesse de Longueville. Le couple de droite représente les parents de lord Darnley, Mathieu Stuart, comte de Lennox, qui épousa en 1544 Margaret Douglas.

Au centre de la quatrième ligne se trouve le portrait de Margaret Tudor, l'aïeule commune de Marie et de son époux Henri Stuart. En effet par son premier mariage en 1503 avec Jacques IV, roi d'Ecosse (à sa gauche) elle fut la mère de Jacques V, et par son mariage en 1514 avec Archibald Douglas, comte d'Angus, (à sa droite) elle fut la mère de Margaret Douglas.

Tout en bas, les parents de Margaret Tudor : Henri VII Tudor, roi d'Angleterre, issu de la maison de Lancastre (d'où la rose rouge), qui avait épousé en 1486 Elisabeth d'York (rose blanche).

Tout en haut, le fils de Marie Stuart, Jacques, roi d'Angleterre, d'Ecosse, de France et d'Irlande, qui épousa en 1589 Anne de Dannemark.  


LE SUPPLICE DE MARIE STUART
par Pierre de Bourdeilles, seigneur de Brantôme.

Le dix-septième de février l'an mil cinq cent huitante sept, les commissaires de la reine d'Angleterre, par elle envoyez, arrivèrent sur les deux ou trois heures après midi, au lieu où Marie était prisonnière. Étant en la présence de son gardien ou geôlier, ils font la lecture de leur commission touchant l'exécution de leur prisonnière, lui déclarant que le lendemain matin ils y procéderaient, l'admonestant de s'apprêter entre sept et huit.
Avant toutes choses, elle ne perdit point de temps, et si peu qu'il lui restait, bien long pourtant et suffisant pour ébranler une constance des plus assurées; mais en elle, on n'y connut aucune crainte de la mort, mais beaucoup de contentement de sortir des misères mondaines, l'employa à écrire à notre roy, à la reine-mère qu'elle honorait beaucoup, à M. et Mme de Guise, et aux autres particulières, lettres très-piteuses, mais toutes tendantes à leur faire connaître que, jusqu'à la dernière heure, elle n'avait perdu la mémoire d'eux, et le contentement qu'elle recevait de se voir délivrée de tant de maux desquels il y avait vingt ans qu'elle était accablée, et leur envoya à tous des présents qui étaient de la valeur et prix que le pouvait consentir une pauvre reine captive et mal fortunée.
Après envoya quérir sa maison, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, et fit ouvrir les coffres, et regarda combien elle pouvait avoir d'argent, leur départit à chacun selon son moyen et le service qu'elle avait tiré d'eux, et à ses femmes leur partagea tout ce qu'il lui pouvait rester de bagues et accoutrements.
Or, il était déjà nuit et se retira en son oratoire, où elle pria Dieu plus de deux heures les genoux nus contre terre; car les femmes s'en aperçurent; puis elle s'en revint à la chambre, et leur dit: « Je crois qu'il vaut beaucoup mieux, mes amies, que je mange quelque chose, et que je me couche après, afin que demain je ne fasse rien indigne de moy, et que le cœur ne me faille— » Ce qu'elle fit, et, prenant une rôtie au vin seulement, s'en alla coucher, et dormit fort peu , et employa la plus grande partie de la nuit en prières et en oraisons.
Elle se leva deux heures devant le jour et s'habilla le plus proprement qu'elle put, et mieux que de coutume, et prit une robe de velours noir qui était tout ce qu'elle s'était réservé de ses accoutrements. 



« Voilà un mouchoir, que j'ai réservé aussi, qui sera pour me bander les yeux quand je viendrai là, que je vous donne, ma mie (parlant à une de ses femmes), car je veux recevoir ce dernier office de vous. »
Après, elle se retira en son oratoire, leur ayant dit derechef adieu et en les baisant, elle leur dit tout plein de particularitez pour dire au roy, à la reine et à ses parents; non chose qui tendit à la vengeance, mais au contraire plutôt et fit là ses pàques par le moyen d'une hostie consacrée, que le bon pape Pie V lui avait envoyée pour s'en servir à la nécessité, et qu'elle avait toujours fort curieusement et saintement gardée et conservée.
Après avoir dit toutes les oraisons qui furent bien longues , car il était déjà grand matin, elle s'en vint dans sa chambre et s'assit auprès du feu, parlant toujours à ses femmes, et les consolant au lieu que les autres la devaient consoler, leur disant que ce n'était rien des félicités de ce monde , et qu'elle en devait bien servir d'exemple aux plus grands de la terre jusqu'aux plus petits; qu'elle qui avait été reine des royaumes de France et d'Écosse, de l'un par nature, et de l'autre par fortune, après avoir triomphé pèle-mèle dans les honneurs et grandeurs, la voilà réduite entre les mains du bourreau, innocente toutefois, ce qui la consolait pourtant mêmement: le plus beau de leur prétexte était pris pour la faire mourir sur la religion catholique, bonne, sainte, qu'elle n'abandonnerait jamais jusqu'au dernier soupir....
Ainsi qu'elle achevait ces paroles, l'on vint heurter fort rudement à la porte ; ses femmes, se doutant qu'on la venait quérir, voulurent faire résistance d'ouvrir, mais elle leur dit: 
« Mes amies, cela ne sert de rien, ouvrez. »
Il entra premièrement un compagnon avec un bâton blanc en sa main; lequel autrement, sans s'adresser à personne, dit en se pourmenant par deux fois: « Me voici venu! me voici venu! » La reine, se doutant de l'heure de l'exécution, prit à la main une petite croix d'ivoire.
Puis après vinrent les commissaires susdits, et étant entrez, la reine leur dit: « Eh bien, Messieurs, vous m'êtes venu quérir, je suis prête et très-résolue de mourir, et trouve que la reine, ma bonne sœur, fait beaucoup pour moy; et tous vous autres particulièrement, qui en avez fait cette recherche; allons donc. » Eux, voyant cette constance accompagnée d'une si grande douceur et extrême beauté, s'en étonnèrent fort, car jamais on ne la vit plus belle, ayant une couleur aux joues qui l'embellissait.
Le lieu de l'exécution était dans la salle, au milieu de laquelle on avait dressé un échafaud.... Elle entra donc dans cette salle avec majesté et grâce. Ainsi qu'elle fut auprès de l'échafaud, elle appela son maître d'hôtel, et lui dit: 
« Aidez-moy à monter, » et lui réitéra tout ce qu'elle lui avait dit en sa chambre, pour dire à son fils; puis, étant sur l'échafaud, elle demanda son aumônier, priant les officiers qui étaient là de permettre qu'il vint; ce qui lui fut refusé tout à plat, lui disant le comte d'Izenty, qu'il la plaignait grandement ainsi adonnée aux superstitions du temps passé, et qu'il fallait porter la croix du Christ en son cœur et non à la main ; à quoi elle fit réponse qu'il était malaisé de porter tel et si bel objet en la main, sans que le cœur n'en fût touché de quelque émotion et souvenance; que la chose la plus séante à toutes les personnes chrétiennes c'était de porter la vraie marque de sa rédemption, lorsque la mort les menaçait....


Sa Majesté commença alors à faire des protestations que jamais elle n'avait attenté ni à l'État, ni à la vie de la reine, sa bonne sœur, comme tous captifs sont obligés; mais qu'elle voyait bien que la cause de sa mort était la religion dont elle s'estimait très-heureuse de terminer sa vie pour ce sujet.... On lui amena un ministre pour l'exhorter; mais elle lui dit en anglais: « Ha! mon ami, donnez-vous patience, » lui déclarant qu'elle ne voulait communiquer avec lui, ni avoir aucun propos avec ceux de sa secte.
Ce néanmoins, voyant qu'il continuait ses prières en son baragouin, elle ne laissa de dire les siennes en latin, élevant sa voix par-dessus celle du ministre, et puis redit qu'elle s'estimait beaucoup heureuse de répandre la dernière goutte de son sang pour sa religion; qu'elle espérait tant en celui qui était représenté par la croix qu'elle tenait en sa main, et devant les pieds duquel elle se prosternait , que cette mort temporelle soufferte pour son nom lui serait le passage, le commencement et l'entrée de la vie éternelle avec les anges et les âmes bienheureuses qui recevraient d'elle son sang, et le représenteraient devant Dieu en abolition de toutes ses offenses, les priant de lui être intercesseurs pour obtenir pardon.
Telles étaient ses prières étant à genoux sur l'échafaud, lesquelles elle faisait d'un cœur fort ardent, y ajoutant plusieurs autres pour le pape, les rois de France et d'Espagne, et même pour la reine d'Angleterre, priant Dieu la vouloir illuminer de son esprit....

 
Cela fait, elle appela ses femmes pour lui aider à ôter son voile noir, sa coiffe et ses autres ornements; et ainsi que le bourreau y voulait toucher, elle lui dit: « Ha! mon ami, ne me touche!.... » Elle-même s'accommoda le plus diligemment qu'elle pouvait, disant qu'elle n'était pas accoutumée à se dépouiller devant le monde, ni en si grande compagnie (on dit qu'il pouvait bien y avoir quatre à cinq cents personnes), ni se servir de tel valet de chambre.
Ce bourreau se mit à genoux, et lui demanda pardon. A quoi elle dit qu'elle lui pardonnait, et à tous ceux qui étaient auteurs de sa mort, d'aussi bon cœur qu'elle croyait ses péchés lui être pardonnés de Dieu.
Puis elle dit à sa femme, à qui elle avait donné auparavant le mouchoir, qu'elle lui portât ledit mouchoir.
Elle portait une croix d'or où il y avait du bois de la vraie croix, avec l'image de Notre-Seigneur, qu'elle voulait bailler à une de ses damoiselles; mais le bourreau l'en empêcha....
Ainsi, s'étant toute apprêtée, après avoir baisé toutes ses damoiselles, elle leur donna congé de se retirer avec sa bénédiction. L'une d'elles lui ayant bandé les yeux de son mouchoir; incontinent elle se jeta à genoux de grand courage, sans donner la moindre démonstration ou signe d'aucune crainte de la mort. Sa constance était telle, que toute l'assistance, même ses ennemis, furent émus, et il n'y eut pas quatre personnes qui se purent garder de pleurer, tant ils trouvèrent ce spectacle étrange; se condamnant eux-mêmes en leur conscience d'une telle injustice.
Et parce que le bourreau et le ministre de Satan l'importunaient, lui voulant tuer l’âme avec le corps, et la troublant en ses prières, en haussant sa voix pour la surmonter, elle dit en latin le psaume : In te, Domine, speravi; non confundar in aeternum, lequel elle récita tout au long.
Ayant achevé, se mit sa tête sur le billot; et comme elle répétait derechef : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum, le bourreau lui donna un grand coup de hache, dont il lui enfonça sa coeffe dans la tête, laquelle il n'emporta qu'au troisième coup, pour rendre le martyre plus grand et plus illustre.

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