samedi 25 juin 2011

V. Mes ancêtres francs-comtois

       

      Mon grand-père maternel s'appelait Roger FAIVRE. Il était né le 27 août 1901 à Chouzelot dans le Doubs, un petit village au bord de la Loue, sur la route de Besançon, sans église ni cimetière, dépendant de la paroisse de Quingey.



        Bien que son père, Jules, né en 1871, ait reçu quelque instruction lui ayant permis d'exercer par intermittence et sans grande conviction la profession  de clerc de notaire, et que son grand-père, Jean-Baptiste, né en 1841, affichait un train de vie bourgeois que lui permettait son statut de propriétaire terrien, mon grand-père pour ainsi dire abandonné par son géniteur, fut élevé par sa mère,  dans des conditions matérielles difficiles.



Jules FAIVRE


        Mon grand-père garda toute sa vie une vive rancoeur à l'encontre de ce père peu enclin aux responsabilités de chef de famille, qui l'avait privé de l'éducation et du confort dont avaient bénéficié les générations précédentes, alliées à de respectables familles de la région comme par exemple la maison de Mesmay dont était issue par sa mère Marie Joséphine Poncet, l'épouse de Jean Baptiste Faivre.

      Si l'administration de l'époque pouvait se vanter d'avoir ouvert une école à Chouzelot dès 1801 et alphabétisé tous les adultes de la commune en 1898, mon grand-père, dont on avait besoin pour garder les bêtes, n'eut pas la chance de bénéficier de l'instruction publique, laïque, gratuite et obligatoire instaurée par les lois Ferry de 1881 et 82.

     C'est son épouse, issue pourtant d'un milieu rural des plus modestes, mais dûment et profitablement scolarisée, qui se chargera de lui apprendre à lire, à écrire et à compter, lui permettant ainsi d'abandonner le dur métier de paysan, pour finalement gérer à Langres la prospère succursale d'une grande chaîne d'épiceries.

       A la fin des années 1950, il prit sa retraite et revint à Chouzelot, son village natal, berceau de ses ancêtres depuis plusieurs siècles. Son père était fils unique, et lui même, n'ayant que deux soeurs et un frère mort sans hoirs, n'eut que deux filles : avec lui se sont éteints les Faivre de Chouzelot, après plusieurs siècles de présence ininterrompue. 


La maison de Chouzelot au bord de la Loue
(Les 4 pans de toits derrière le bateau)   
       
       Au lendemain de la guerre de 10 ans qui a fait de la Franche-Comté, province espagnole, un territoire sous souveraineté française, les recensements nominatifs de 1654, 1657 et 1666 du bailliage de Quingey effectués sous l'autorité du procureur C.Nelaton comptent pour  le village de Chouzelot 12 ménages soit 54 personnes, dont 2 portent le patronyme FAIBVRE :

Louy MERCIER, sa femme, 4 enfants
Clauda BIGUENET veuve de Louis PRESTET, 4 enfants
Denis FRENEY, sa femme, 4 enfants, 1 valet, 1 servante
Pierre PERILLARD, sa femme, 4 enfants
Pierre BAILLOT, sa femme, 1 enfant
Jean BORY, sa femme, 2 enfants
Maître Guillaume DEREY, maréchal, sa femme, 4 enfants
Jean FAIBVRE, sa femme, 4 enfants
Maître Claude, tisserand, sa femme, 1 valet
Pierre DEVILLERS, sa femme, 2 enfants
Simone veuve de Claude FAIBVRE
Denise SIGYRAND, bergère, 1 garçon




       Cette photo a été prise au début du XXème siècle juste devant la maison de mon grand-père. On y voit devant la maison "de la Croix" la route qui monte au village à gauche, et à droite la route de Besançon, sur laquelle était installé jusqu'en 1849 un péage à  l'entrée du village en quittant Quingey.

      Il existait à Chouzelot (anciennement Chazeles, puis Chozeles), un droit d'"habitantage": pour être autorisé à s'installer dans le village, il fallait y être autorisé par les notables dudit lieu, qui votaient après enquête portant entre autres sur les mœurs de l'impétrant. 
 
   Malgré ces redoutables fourches caudines, la population est passée à 96 habitants en 1680, et ne cessera d'augmenter au cours du XVIII ème siècle pour atteindre un pic de 401 habitants  au recensement de 1780 : à cette époque, les FAIVRE sont toujours présents à Chouzelot.

      On trouve dans les archives militaires trace d'un certain Claude-Jacques FAIVRE, originaire de Chouzelot, ayant servi dans les armées de Napoléon (12e bataillon bis du train d'artillerie, dossier 174452) et qui à ce titre reçut en 1857 la médaille de Sainte-Hélène.

      Le recensement de 1701 indique que de nouvelles familles se sont installées à Chouzelot, dont les descendants habitent toujours le village de nos jours: les Goy, les Barillot, les Sage, les Prillard, les Compagnon, les Guinet et les Vauthier. Ces derniers en particulier, alliés aux Faivre, apparaîtront également dans la généalogie de la famille, puisque mon arrière grand-père Jules Pierre Henri Faivre avait épousé Marie Marguerite Vauthier, née en 1875.



Marguerite VAUTHIER

      On conserve aux Archives départementales du Doubs (sous la cote B 15835 F 102 et daté du 24 juin 1763), le testament de Jeanne Gabrielle FATON, fille de François et Louise Humbertjean, née à Byans vers 1683 et décédée à Quingey le 30 juin 1763, citant une liste de témoins dont un certain Jean Denis VAUTIER, maître cordonnier, de Chouzelot.



     Par ailleurs, les archives militaires gardent trace d'un certain J.VAUTHIER, originaire de Chouzelot, enrôlé dans les armées napoléoniennes et mort pour la France en Allemagne en 1807.


       Mon grand-père avait épousé Berthe Emilenne ROUZET, née le 28 avril 1901 à Ronchaux, où résidait sa famille paternelle depuis des siècles.



Berthe Emilienne ROUZET


          Deux de ses soeurs furent religieuses, et elle-même avait sans aucun doute possible toutes les qualités requises pour entrer également dans les ordres. Elle restera pour moi l'image du coeur pur et de la bonté, éperdument étrangère à l'idée du mal. Je me souviens que son visage se tordait de douleur dès que devant elle nous échangions avec mes frères le plus affectueux des noms d'oiseaux...
            
     Jules ROUZET                              Marie Louise SAGE


les parents d'Emilienne
     
       Dans les cahiers de doléances du bailliage de Quingey, on trouve un procès-verbal  établi le 22 mars 1789 et signé par 17 comparants, dont Joseph ROUZET, afin que soient transmises à Sa Majesté les plaintes, doléances et remontrances des habitants de la communauté de Ronchaux, dépendant du bailliage de Quingey, secondaire du ressort du bailliage principal de Dole.

       Les doléances portent entre autres choses sur l'égalité des trois ordres en matière de représentation aux Etats généraux et en matière de fiscalité, sur l'anéantissement des salines de Franche-Comté qui produisaient un sel cher et de mauvaise qualité, et se terminent sur l'allégeance "desdits habitants qui pénétrés de l'attachement et du respect le plus profond pour Sa Majesté, se soumettent à payer et à supporter tous impôts pour l'acquittement des dettes et charges de l'état, à faire le sacrifice de leurs biens et de leur vie pour la défense de son trône et le soutien de sa couronne, dont dépend le bonheur de ses fidèles sujets".  





         
    J'ai indiqué plus haut qu'une arrière-grand-mère de mon grand-père, Anne Françoise Poncet, était née de Mesmay, le 1er juillet 1809. C'était la fille de Joachim de Mesmay, né en 1786 et de Jeanne Marie de Mesmay,  cette dernière née en 1782 de Pierre Antoine de Mesmay, né en 1741 et de Jeanne Claude de Mesmay, née en 1744, ce  qui donne un fort taux de consanguinité. Surtout si l'on ajoute que cette Jeanne Claude de Mesmay était elle même la petite fille de Claude de Mesmay, né en 1681 et de Ludovica de Mesmay...
 



     La Chesnaye-des-Bois donne dans son Dictionnaire de la noblesse paru en 1775 une généalogie de la branche aînée de cette famille de Mesmay, seigneurs de Quingey, anoblie par Charles Quint, et qui portait : d'azur à la face d'or chargée d'un losange de gueules.




la guerre de dix ans

2 commentaires:

  1. Très intéressant tout ça, merci Eric

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  2. Bonjour je suis tombé par le plus pur hasard sur votre site. Je suis particulièrement intéressé car votre grand père était mon grand oncle (frère de ma grand mère Renée). J'ai une photo (copie) où l'on voit toute une famille devant la maison en face la croix, sûrement les parents de Roger. Je garde un très bon souvenir de ce couple charmant qui balançait entre deux époque. Je vois encore Émilienne qui faisait la circulation sur la nationale pour que puisse sortir la belle 204 Peugeot verte bouteille. Mon père Camille, personne qui ne faisait pas de confidence ni compliment facilement était je crois admiratif de Roger qui l'avait poussé à se lancer dans la reprise d'un magasin d'alimentation en Haute Saône après guerre (double peine). Si vous lisez mon petit mot je serais content de vous faire passer cette photo que vous avez déjà certainement.
    Jean Prillard (59 ans bientôt) fils de Camille P et petit fils de Camille P mari de Renée Faivre épouse P.
    Au plaisir de vous lire.

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