lundi 18 avril 2011

Sénèque, Consolation à Polybe, chapitre 6


     J'aime ce petit texte. Il est conçu comme une consolation à Polybe , secrétaire a studiis de l'empereur Claude, qui vient de perdre son frère.
    Sénèque exhorte son ami à se consacrer aux devoirs de sa charge pour échapper au chagrin.
    J'y vois surtout en creux un éloge de l'humilité et de ses avantages...
   Bienheureux celui qui sait rester "in angulo", dans son coin.
   Malheureusement, comme pour toute traduction, s'il est possible de rendre l'esprit du texte dans une langue agréable, il s'avère autrement difficile de trouver en français des formules capables de rendre leur force de frappe aux foudroyants raccourcis latins...
   Redire avec des mots à soi, des idées qu'on a trouvées sous les mots d'un autre, c'est à la fois une façon de comprendre et d'expliquer; ce n'est pas tout à fait inventer, mais n'est-ce pas aussi une façon de penser ?







  


[6,4] Il ne t'est pas permis de t'abandonner à la douceur des larmes, non plus qu'à bien d'autres choses encore: il ne t'est pas permis, par exemple, de prolonger ton sommeil jusqu'au milieu du jour, ni, pour échapper au tumulte du monde, de goûter au repos réfugié dans une paisible campagne, ni de réparer, au cours d'un agréable voyage,  ton corps fatigué par les soins assidus de ta charge, ni de te divertir l'esprit par une variété de spectacles, ni de disposer à ton gré de tes jours ou de tes nuits. Bien des choses en effet te sont interdites, qui restent l'apanage des humbles et de ceux qui ont choisi de ne point briguer les honneurs de la gloire : car c'est une grande servitude qu'une grande fortune ! [6,4] Non licet tibi flere immodice,
nec hoc tantummodo non licet;
ne somnum quidem extendere 
in partem diei licet 
aut a tumultu rerum 
in otium ruris quieti confugere
aut adsidua laboriosi officii statione 
fatigatum corpus 
uoluptaria peregrinatione recreare
aut spectaculorum uarietate
animum detinere 
aut ex tuo arbitrio diem disponere.
Multa tibi non licent,
quae humillimis
et in angulo iacentibus licent:
magna seruitus est magna fortuna.
 



  

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