samedi 1 janvier 2011

Mes estampes-3- Les élèves de Utagawa Kuniyoshi

     Les disciples de Kuniyoshi ont continué la spécialité de leur maître à savoir le musha-e, peinture de guerriers

1-  Utagawa Yoshitsuya (1822–1866)
 en japonais 歌川 芳艶.

Je n'ai malheureusement qu'une estampe de cet artiste et j'ignore de quelle série elle fait partie.

Combat de deux généraux

Signatures de Yoshitsuya

2- Utagawa Yoshikazu, actif entre 1850 et 1870.

Les deux estampes que je possède de cet artiste représentent des cavaliers :

 Cavalier brandissant son sabre

Yoshitsune and Benkei

Benkei est un moine-soldat qui vécut de 1155 à 1189.
Sa loyauté et son sens de l'honneur font de lui l'une des personnalités les plus populaires du folklore japonais.
La légende affirme que Benkei s'était posté sur le pont de Gojo à Kyoto, où il attaquait tous les hommes d'armes qu'il croisait, collectionnant ainsi 999 sabres. À son millième duel, Benkei fut vaincu par Minamoto-no-Yoshitsune, après quoi il devint son vassal et se battit à ses côtés contre le clan Taira durant la guerre de Gempei.

3- Utagawa Yoshitora, en japonais 歌川芳虎, 
actif entre 1850 et 1880.

Parmi les estampes que j'ai pu trouver de cet artiste les deux premières sont tirées de la série intitulée "Biographie des vassaux du roi", largement inspirée de la série de son maître Kuniyoshi " 47 loyaux samurai - les tristement célèbres 47 ronins, samurai sans maîtres".

Lancier

Tambour

(湊川の戦い, Minatogawa no tatakai)
La bataille de Minatogawa, entre 1847 et 1852

Takauji Ashikaga avait aidé l'empereur Go-Daigo à reprendre le trône. Mais n'ayant pu obtenir le poste de shogun, il entre en rébéllion   et veut s'emparer de la capitale, Kyoto. C'est dans ce contexte qu'a lieu en 1336 la bataille de Minatogawa au cours de laquelle le samurai Kusunoki Masashige, partisan de l'empereur Go-Daigo, sacrifia sa vie et celle de ses hommes en affrontant sur l'ordre de l'empereur un ennemi bien supérieur en nombre, en particulier grâce aux troupes acheminées par bateau, d'où les voiles qui couvrent l'horizon dans l'estampe en question. Kusunoki, qui se voyant perdu, se donna la mort par seppuku sur le champ de bataille,  est resté dans la mémoire collective comme l'incarnation de la loyauté et de l'abnégation. 

 
弓術   小笠原流    流鏑馬
KYUJUTSU OGASAWARA- YABUSAME
L'art du tir à l'arc - Ecole Osagawara  - Tir à l'arc à cheval  - 1856



Les archers de Yabusame (流鏑馬) lancés au grand galop sur une piste de 225 mètres tirent sur trois cibles de bois. L'archer contrôle son cheval principalement avec ses genoux, puisqu'il a besoin de ses deux mains pour bander l'arc et tirer. Comme il approche de la cible, il monte son arc et place la flèche devant son oreille avant de la laisser partir au cri de « In-yo-in-yo » (« obscurité et lumière »).


"Kiso Yoshinaka Echigo no Kuni
 jo Shiro Nagamochi o semeru"

「木曽義仲越後国城四郎長茂を責る」

Combat entre
 Kiso no Yoshinaka 木曾 義仲 MINAMOTO
 et Joshiro Hagamochi 
pendant la conquête de la province d'Echigo Entre 1843-1847 
Signature : 一猛斎芳虎画
sceau de la censure / kiwame 改印:極
Editeur : Tsuta-ya Kichizo (Koeido) 
 Signature : Ichimosai Yoshitora ga
  Un exemplaire est conservé au



 Joshiro Hagamochi désarçonné
 Minamoto no Yoshinaka 源 義仲 vainqueur


Exemple de la technique du gaufrage en relief (karazuri)

 Siège et innondation du château TAKAMATSU,(高松城)
province d'Okayama


     Ce triptyque exécuté entre 1847 et 1852, représente une vue du château Takamatsu sous les eaux. En 1582, Toyotomi Hideyoshi (豊臣 秀吉,  1536 ou  1537 – 1598) conseillé par le célèbre stratège  Kuroda Kanbei (黒田 官兵衛) décida de mettre fin au siège du château en détournant le cours de la rivière toute proche pour submerger la place forte et obliger Shimizu Muneharu, capitaine du lieu pour le clan Mori, à se rendre. Dans le coin gauche, on voit Hideyoshi monté  à cheval, ordonnant à sa flotte de faire feu sur la citadelle assiégée. Il est assez rare de trouver des représentations d'ouvrages militaires : la vision de cette citadelle, assaillie par les flots d'un magnifique bleu intense, n'en est que plus saisissante.

 Le château en 1884
  
 Le château actuel


  Navire de guerre du clan Kato
Ensemble de 3 estampes au format oban

Le format de l'ukiyo-e utilisés le plus fréquemment est le format ōban (environ 37 cm x 25 cm). L'orientation des estampes peut être yoko-e (orientation « paysage ») ou tate-e (orientation « portrait »).

 Scène de bataille datée  1855
Ensemble de 3 estampes au format oban

The Battle of Ataigawa in Kaga Province

 (Kaga no kuni Ataigawa kassen)

「加賀国安宅川合戦」

Signée : Kinchôrô Yoshitora ga 錦朝楼芳虎画
Datée 1855 (Ansei 2), 4th month
Seau de la censure: aratame, Hare 4
改印:改、卯四
彫師:なし


Un exemplaire est conservé au

 
Bijin,
 exception dans ce monde de guerriers

En 2017, j'ai également acquis un beau triptyque représentant
 le Prince Genji en visite à Chigo-ga-fuchi près de Enoshima 

(Enoshima Chigo-ga-fuchi),

tiré de la série du Genji Moderne (Imayô Genji)

今様けんし江之島児ヶ淵






Cette scène des pêcheuses d'ormeau, tirée du Genji Monogatari, a également été traité par Toyokuni Kunisada en 1859:

et parYoshitoshi en 1864 :

La scène est un Genji-e ou Mitate-e, c’est-à-dire une illustration parodique du Genji Monogatari, le dit de Genji, roman classique japonais de Murasaki Shikibu, dame de la cour impériale de la période Heian tardive (794-1185 AD), qui raconte les aventures amoureuses du prince Genji. L'ouvrage a engendré de nombreuses parodies au XIX e s., illustrées par les plus grands artistes du moment.

La parodie consiste en l'occurence à faire apparaître le prince Genji dans la scène célèbre du grand peintre  Utamaro Kitagawa (1753-1806) intitulée "Les pêcheuses d'Abalones" ci-dessous :


L'ormeau est un mollusque de la famille des abalones.

S'il est un mets de choix au Japon (où il est consommé depuis des temps préhistoriques) l'ormeau (awabi) est aussi, de la même manière qu'en Amérique du Nord, un animal lié à l'imaginaire religieux et sexuel en particulier, et son origine sacrée remonterait au moins à l'empereur Qin Shi Huangdi, le célèbre fondateur de la dynastie Qin (221 - 206), qui aurait utilisé l'ormeau comme élixir de santé et de longévité. Dans la religion shinto, l'ormeau frais ou séché (noshi awabi, couramment appelée noshi) est une offrande sacrée à tous les dieux dans le sanctuaire d'Ize (Ise, Izu), qui comporte 125 lieux sacrés. Ce sanctuaire n'a pas été choisi au hasard, c'est dans cette ville, et plus généralement dans sa préfecture (Mie) que des femmes pêchent traditionnellement l'ormeau nues et en apnée, on les appelle ama, terme étendu très tôt aux "habitants de l'océan", sous-entendu les populations vivant de la mer. Pour prévenir des dangers inhérents à cette activité, l'ama possède une amulette du nom de Seman Doman, qui sont les noms de deux démons.

 Une légende du sanctuaire d'Amakazukime à Kuzakicho raconte même qu'il y a deux mille ans, Yamatohime no Mikoto, la princesse qui aurait fondé le temple d'Ise découvrit la saveur délicieuse des abalones en recevant celles-ci en offrande de la part de l'ama O-Ben, à qui le sanctuaire a été dédicacé. On trouve mention de l'ormeau au IIIe siècle dans le Gishi Wajinden, une chronique chinoise sur le Japon. Dès le XVIIIe siècle, les artistes japonais illustrent l'animal dans des représentations de nature morte, mais surtout, au travers de sa pêche par les célèbres pêcheuses ama .

 Elles étaient encore 70 000  dans les années 1950, aujourd’hui, elles ne sont plus que 2000 à travers tout le Japon.


 Acquis en même temps que les Pêcheuses, un petit ouvrage d'aventures chevaleresques en noir et blanc daté de 1868






 



Signature de Yoshitora

4-Tsukioka Yoshitoshi, 月岡 芳年, (1839-1892)

Il fut le dernier grand maître de l'ukiyo-e. De son vrai nom Owariya Yonejiro, il entra comme apprenti chez Kuniyoshi en 1850.
Jusqu'à la fin de sa carrière il lutta pour la conservation des traditions de son art mais, alors qu’il travaillait toujours d’une manière ancestrale, le Japon de l'être Meiji adoptait à partir de 1868 les méthodes de reproduction de masse venant de l’Occident, telles que la photographie et la lithographie. Enfin l'explosion de la circulation de la presse écrite acheva de détourner la demande du public pour l'estampe traditionnelle qui entra en décadence.
Les dernières années de sa vie furent parmi les plus productives et des plus inventives, avec en particulier sa grande série Cent Aspects de la Lune (1885 - 1892) dont je n'ai pu me procurer jusqu'à présent que la page de titre...


On peut consulter l'ensemble de la série à l'adresse suivante :



07-Watanabe no Tsuna, 1865
Série: Wakan hyaku monogatari
Cent histoires de fantomes de Chine et du Japon
Le héros, bravant un terrible orage, passe devant le temple Hojo, avant d'aller affronter le démon Ibaraki près de la porte Rashomon de Kyoto. 
On peut voir la série complete a l'adresse suivante:


 Bataille d'Ikutamori
entre le clan Taira et le clan Minamoto 
(Ikuta-no-mori oite Gempei ô-kassen...,
  山口屋藤兵衛 錦耕堂、のち春錦堂 文化~明治)

Kajiwara Kagesue dans la forêt d'Ikuta, dont le casque est tombé à terre, se défend contre l'attaque de guerriers Taira sous un vénérable prunier pendant la guerre de Genpei; en arrière-plan son père Kagetoki éperonne sa monture pour venir porter assistance à son fils.

J'ai trouvé sur internet une autre version de cette estampe imprimée dans d'autres tons : la nuit est plus noire, le brun et le vert sont remplacés par le rouge et le bleu. Il s'agit manifestement d'un tirage postérieur : ce rouge est caractéristique de la période Meiji.

Outre cette remarque sur les couleurs cette estampe permet également de constater quel type d'influence pouvait exercer le maître sur son élève, puisque le sujet avait déjà été traité par Kuniyoshi dont je poste ci-dessous une reproduction  trouvée sur internet. Ressemblance frappante ! 

Kuniyoshi, Bataille d'Ikutamori,
publiée en 1845 par Yamaguchi-ya Tôbei


5 -  Utagawa Yoshikata, actif entre 1841 et 1864

Taiheiki Dai Senjô,
La grande bataille de Taiheiki, 1862

     Le Taiheiki (太平記littéralement Chronique de la grande paix) raconte les cinquante années de guerre et de chaos qu'a connu le Japon entre 1318 et 1368 au cours du Nanboku-chô ( période des cours du nord et du sud) suite à une division dans la maison impériale, entre la cour du sud (de Yoshino) et la cour du nord, (de  Kyoto) qui avait confié le rôle de shogun à Ashikaga Taka, autorisant ainsi la fondation du deuxième bakufu.
   On notera la magnifique composition de la scène, son caractère dynamique et dramatique : le visage du cavalier central est tourné à l'opposé de celui de sa monture dans une grimace furieuse, tandis que son adversaire désarçonné, restant dans sa chute agrippé à ses rênes, va rejoindre les corps des soldats qui jonchent le champ de bataille. Au premier plan, se détachant sur un pur ciel bleu, les chevaux effarouchés se cabrent dans un magnifique et fier mouvement auquel font écho dans le fond deux autres destriers aussi fringants. Dans le coin inférieur gauche, deux assaillants s'élancent pour attaquer le personnage central, annonçant une suite tumultueuse à ce combat sans merci : nous sommes en pleine action ! 
   Il existe un autre exemplaire de cette estampe au musée des beaux-arts de Boston. 

6 - Utagawa Yoshifuji (1828-1887)

Je n'ai pas su résister à l'attrait de ces deux estampes qui réside essentiellement pour moi dans la représentation du cheval. Mais je dois bien reconnaître que l'heure de la décadence a sonné : dépouillement du fond, pâleur des couleurs, calligraphie grossière...

 Général à cheval

Cavalier portant un gourdin




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