mercredi 24 octobre 2012


Les Odes d'Horace

Livre 3

I

Odi profanum volgus et arceo.
Favete linguis : carmina non prius
Audita Musarum sacerdos
Virginibus puerisque canto.

Je hais le commun des profanes et m'en tiens écarté.
Que notre langage reste pur : prêtre des Muses 
Pour une jeunesse innocente
 Je chante des vers jusqu'alors inconnus. 

Aequa lege Necessitas
Sortitur insignis et imos,
Omne capax movet urna nomen.

Dans son souci d'égalité la Necessité
Tire au sort les élus et les obscurs,
Mélangeant tous les noms dans son urne insondable.

Desiserantem quod satis est neque 
Tumultuosum sollicicat mare

Celui qui ne désire que ce qui lui suffit
Ne s'expose point aux fureurs des flots.


Sed Timor et Minae
Scandunt eodem quo dominus, neque
Decedit aerata triemi et
Post equitem sedet atra Cura.

Mais la Crainte et les Menaces
Suivent leurs maîtres pas à pas,
L'ombre du Souci ne quittera plus le bord de leur navire,
Ni la croupe de leur destrier. 

Cur valle permutem Sabina
Divitias operosiores ?

Pourquoi irai-je échanger mon vallon de Sabine
Contre de plus laborieuses richesses ?

II

Angustam amice pauperiem pati
Robustus acri militis puer
Condiscat

Qu'il apprenne à supporter en ami
La contrainte et la pauvreté
Le jeune homme endurci par la vie militaire

Dulce et decorum est pro patria mori

Il est doux et glorieux de mourir pour la patrie

Virtus, repulsae nescia sordidae
...
Virtus, recludens inmeritis mori
Caelum, negata temptat iter via,
Coetusque volgoris et udam
Spernit humum fugiente pinna.

Le courage, qui ne connaît pas la déchéance de l'échec,
...
Le courage, ouvrant la porte des cieux
A ceux qui ne méritent pas de mourir,
 Trouve son chemin sur des routes encore vierges,
Et fuit de son aile farouche
L' assemblée du vulgaire et la boue du marais.

Saepe Diespiter
Neglectus incesto addidit integrum,
Raro antecedentem scelestum
Deseruit pede Poena claudo.

On a vu souvent Jupiter outragé,
Infliger la souillure à la pureté,
On vit plus rarement le Châtiment au pas boiteux
Manquer de rattraper le fuyard scélérat. 

III

Istum et tenacem propositi virum
...
Si fractus inlabatur orbis,
Inpavidum ferient ruinae.

Celui qui a atteint la justice et la ténacité,
...
Quand le monde viendrait à s'effondrer
Croulerait sous les ruines en restant impavide. 

Quo, Musa, tendis ?

Où t'en vas-tu ma Muse ?

 VI

Damnosa quid non inminuit dies ?
Aetas parentum, peior avis, tulit
Nos nequiores, mox daturos
Progeniem vitiosiorem.

Le temps épargne-t-il rien de ses ravages ?
La génération de nos pères, qui n'égalaient pas leurs ancêtres,
A produit à son tour des fils qui ne les valent pas,
Et dont les rejetons seront pires encore.

VII

Et te saepe vocanti
Duram difficile mane.

Et même si souvent il te trouve cruelle
Demeure inaccessible.

VIII

Dona praesentis cape laetus horae,
Linque severa.

Saisis avec bonheur les joies qu'apporte l'instant,
Quant aux soucis méprise-les.

IX


Quamquam sidere pulchrior
Ille est, tu levior cortice et inprobo
Iracundior Hadria,
Tecum vivere amem, tecum obeam lubens.

Bien qu'il soit mille fois mieux fait que toi,
Bien que tu sois mille fois plus inconstant que lui,
Et plus irascible que l'Océan,
C'est avec toi que je veux vivre, et avec toi que je veux mourir.

X

Ingratam Veneri pone superbiam,
...
Supplicibus tuis parcas !

Dépose un peu les armes de cette fierté qui fâcherait Vénus
...
Epargne ceux qui te supplient !

XI

Surge, ne longus tibi somnus, unde
Non times, detur;

Lève-toi, avant que ne t'ensevelisse,
 Surgi de nulle part, un plus profond sommeil;

I, pedes quo te rapiunt et aurae
Va où te porteront tes pas, va où te portera le vent

XVI

Quanto quisque sibi plura negaverit,
Ab dis plura feret; nil cupientium
Nudus castra peto et transfuga divitum
 Partis linquere gestio 

Moins on exige pour soi-même,
Et plus les dieux nous accordent; nu je rejoins le camp
De ce qui ne désirent rien et transfuge
Je m'empresse de quitter el parti des riches.

Magnas inter opes inops.

Pauvre malgré toute sa richesse.

Multa petentibus
desunt multa; bene est cui deus obtulit
Parca quod satis est manu.

A ceux qui demandent beaucoup,
Il manque beaucoup; heureux celui à qui les dieux donnent
Parcimonieusement juste ce qui suffit.

XVII

Dum potes, aridum
compone lignum;

Pendant que tu le peux,
Fais provision de bois sec.

XIX

Codrus, pro patria non timidus mori,

Codrus, qui ne trembla point de mourir pour la patrie,

Da lunae propere novae,
Da noctis mediae, da, puer, auguris
Murenae.

Verse, allons, pour la lune nouvelle,
Verse, pour le coeur de la nuit, verse, mon garçon,
Pour l'augure Muréna.

Insanire iuvat !
Il fait bon perdre la raison!

Parcentis ego dexteras
Odi : sparge rosas;

Je hais pour ma part les mains
Parcimonieuses :  fais-nous une pluie de  roses;

XXI

Narratur et prisci Catonis
Saepe mero caluisse virtus.

On dit que l'antique Caton
Souvent de vin réchauffait son courage.

Tu spem reducis mentibus anxiis
Tu reconduis l'espoir dans l'âme tourmentée

Dum rediens fugat astra Phoebus.
Jusqu'à l'heure où Phoebus de retour chasse les astres.


XXIV

Aurum et inutile,
Summi materiem mali,

Et l'or inutile,
Source des pires maux.


Scilicet inprobae
Crescunt divitiae, tamen
Curtae nescio quid semper abest rei.
  Ses richesses sans finont beau s'accumuler,  pourtant
Toujours à sa fortune il manque je ne sais quoi.

XXV

Quo me, Bacche, rapis tui
Plenum ?

Où, Bacchus, m'emporte-tu
tout plein de toi?

Dicam insigne, recens, adhuc
indictum ore alio.

Je dirai de grandes choses, nouvelles, jusqu'ici
jamais dites par une autre bouche.

..., ut mihi devio
Ripas et vacuum nemus
Mirari libet.

..., de même pour moi, hors du chemin,
C'est un plaisir d'observer 
La rive et le bois solitaire.

Nil parvuum, aut humili modo,
Nil mortale loquar. Dulce periculum est,
O Lenaee, sequi deum
Ningentem viridi tempora pampino.

Je ne dirai rien de mesquin, ni rien de trivial,
Rien non plus d'éphémère. C'est un bien doux péril,
O Lénéus, que de suivre le dieu
qui ceint son front d'un pampre vert.

XXVI 

Vixi puellis nuper idoneus,
Et militavi non sine gloria;

J'ai su, en amour, tenir mon rang, jadis,
Et j'ai, non sans gloire, livré quelques batailles.

, sublimi flagello
tange Chlen semel arrogentem.

, de ton fouet levé,
Une fois pour toutes, frappe Chloé l'arrogante.

XXVII

Sis licet felix, ubicumque mavis,
et memor nostri, Galatea, vivas,

 C'est ton droit, sois heureuse, où te porte ton coeur,
Et poursuis ton chemin, Galatée, en souvenir de nous.  










 







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