[3] III. Quant aux reproches que tu fais à ma jeunesse, toujours, j'ose le dire, j'ai été aussi éloigné de l'impudicité que toi de la chasteté. Mais à quoi bon me plaindre encore de toi ? de quelle imposture auras-tu honte, après avoir eu l'audace de me faire un crime de cette éloquence dont tu aurais eu sans cesse besoin pour te soustraire à la rigueur des lois ? penses-tu donc qu'un citoyen puisse jamais se rendre recommandable, s'il n'a été initié dans les lettres et dans l'art de l'orateur ? Penses-tu donc qu'il y ait d'autres berceaux pour la vertu et d'autres éléments capables de faire germer dans un coeur le désir de la gloire ? Mais il n'est point étonnant, pères conscrits, qu'un homme livré à la mollesse et à la luxure méconnaisse ces vérités et les considère comme des choses nouvelles ou hors d'usage. Lorsque avec une rage dont on n'a pas d'exemple tu as attaqué ma femme et ma fille, qui gardent plus de réserve avec les personnes d'un autre sexe que toi avec celles du tien, tu as agi avec assez d'adresse et de prudence ; tu n’as pas craint que je te rendisse la pareille en attaquant à mon tour et ta femme et ta fille ; mais tu peux à toi seul fournir un texte à mes récriminations, car il n'est personne de plus souillé que toi dans toute ta maison. Quel n'a pas encore été ton aveuglement, lorsque tu as tenté de m'exposer aux traits de l'envie en parlant de mes affaires domestiques ! mes richesses sont bien au-dessous de ce qu'elles devraient être : et plût aux dieux que je fusse moins opulent que je ne le suis, et que mes amis encore pleins de vie ne m'eussent point enrichi par leurs testaments ! Tu me traites de fugitif ; oui, Salluste, j'ai cédé à la fureur d'un tribun, aimant mieux m'exposer seul aux atteintes du sort que d'être la cause d'une guerre civile dont tout le peuple romain eût été la victime. Mais, quand ce tribun eut achevé son année tumultueuse, et quand la concorde et la paix eurent succédé au désordre, le sénat provoqua mon rappel et la république me ramena par la main au sein de ma patrie. Oui, il l'emporte dans mon coeur sur tous les autres jours de ma vie, ce jour où je vous vis tous accourir au milieu d'un peuple immense pour me féliciter sur mon heureux retour. Étais-je donc alors un fugitif, un avocat mercenaire ? | [3] Nam quod in aetatem increpuisti, tantum me abesse puto ab impudicitia, quantum tu a pudicitia. <8> sed quid ego de te plura querar? quid enim mentiri turpe ducis, qui mihi ausus sis eloquentiam ut uitium obicere, cuius semper nocens eguisti patrocinio. an ullum existimas posse fieri ciuemegregium, qui non his artibus et disciplinis sit eruditus? an ulla alia putas esse rudimenta et incunabula uirtutis, quibus animi ad gloriae cupiditatem aluntur? sed minime mirum est, patres conscripti, si homo, qui desidiae ac luxuriae plenus sit, haec ut noua atque inusitata miratur. <9> nam quod ista inusitata rabie petulanter in uxorem et in filiam meam inuasisti, quae facilius mulieres se a uiris abstinuerunt quam tu uir a uiris, satis docte ac perite fecisti. non enim me sperasti mutuam tibi gratiam relaturum, ut uicissim tuos compellarem, unus enim satis es materiae habens, neque quicquam domi tuae turpius est quam tu. multum uero te, opinor, fallit, qui mihi parare putasti inuidiam ex mea re familiari, quae mihi multo minor est, quam habere dignus sum. atque utinam ne tanta quidem esset, quanta est, ut potius amici mei uiuerent quam ego testamentis eorum locupletior essem. <10> Ego fugax, C. Sallusti? furori tribuni plebis cessi: utilius duxi quamuis fortunam unus experiri, quam uniuerso populo Romano ciuilis essem dissensionis causa. qui postea quam ille suum annum in re publica perbacchatus est omniaque, quae commouerat, pace et otio resederunt, hoc ordine reuocante atque ipsa re publica manu retrahente me reuerti. qui mihi dies, si cum omni reliqua uita conferatur, animo quidem meo superet, cum uniuersi uos populusque Romanus frequens aduentu meo gratulatus est. tanti me, fugacem, mercennarium patronum, hi aestimauerunt! |
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