Dans le Monde du 18 mars 2011
à propos du courage des Japonais après le tremblement de terre du 11/03.
...Lorsque l'on a vécu une partie importante de sa vie au Japon, ce rapport aux êtres chers et à l'univers naturel fondé sur une conscience aiguë de la précarité, des joies et des peines qu'elle procure, change de manière irrémédiable le regard que l'on porte sur le monde qui nous entoure.
Le japonais a pour le dire de nombreux mots, dont l'un est hakanai, " ce qui est fragile, évanescent, transitoire ", " entre le rêve et la réalité ", et qui définit, comme le nom mujô, ce qui est impermanent et ne dure pas. Ces deux mots, très anciens, sont presque toujours associés à la condition humaine. Le premier s'écrit en associant deux éléments, celui qui désigne l'homme et celui qui désigne le songe ; la matière insaisissable dont sont faites les entreprises humaines et celles de la nature.
...l'épicurisme, la douceur de vivre, la politesse côtoient, dans les plus menus détails du vécu quotidien, la conscience tragique de vivre dans un monde fragile, perpétuellement menacé de disparaître.
François Lachaud
Directeur d'études à l'Ecole française d'Extrême-Orient
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hakanai : 儚い
mujo, 無常
Genji-mon (源氏紋) n° 52 : 蜉蝣, kagerô, l'éphémère |
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