lundi 31 octobre 2011

Serguei Prokofiev – Romeo et Juliette

Ce dimanche a l'opéra de Seoul:

Image

Korea National Ballet
chorégraphie de Jean Christophe Maillot

Scène du balcon, pas de deux


Marget Fonteyn et Rudolph Noureyev
chorégraphie de Kenneth MacMillan 1966


Alessandra Ferri et Wayne Eagling



dimanche 30 octobre 2011

Z.Q.

Plus sympa que Tom Cruise et plus marrant que Ben Afflek, aussi sexy que Georges Clooney mais tellement plus jeune : Zac Pinto︕ Excellent  second rôle dans "Margin call", j'espère qu'on lui donnera quelque chose d'intéressant après le remake de "Star Treck"... 

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danse avec moi

Suzy Delair 
dans
Quai des Orfèvres 
de
Georges CLOUZOT (1947) 

    








samedi 22 octobre 2011

Gilles GRANGIER

En ce moment je découvre l'oeuvre de Gilles Grangier.
Ce que j'adore dans ses films c'est l'ambiance des années cinquante.
Tout un monde disparu peuplé de grosses voitures et de silhouettes Dior.
C'est rempli de clichés et de bons sentiments mais les dialogues souvent écrits avec Audiard sont savoureux et on y retrouve tous les grands acteurs et actrices de l'époque : Gabin Ventura Darrieux Robinson...



Le Désordre et la Nuit (1958) raconte l'histoire d'un policier (Jean Gabin) qui tombe amoureux d'une jeune chanteuse en perdition (Nadia Tiller)   soupçonnée de meurtre et qu'il finira par innocenter et sauver. La plupart des personnages fréquentent une boite ou se produit une chanteuse noire ( Hazel Scott ) qui interprète "Ton pas dans la rue" une chanson écrite par Henri Cointet sur une musique de Jean Yatove.


Les héros masculins de Grangier souvent issus d'une bourgeoisie ultra conformiste se distinguent toujours par leur qualités de coeur qui les poussent a transgresser les codes de leur classe.



Dans "le Sang a la tête" (1956) un armateur de La Rochelle (Jean Gabin) pardonne l'infidélité de sa femme et en endosse même la responsabilité: il a oublié que le mariage est une partie ou chacun doit pouvoir jouer son rôle. En fait tout le sentiment de haine et de vengeance envers l'amant est assumé par un ami du mari qui a aussi des comptes a régler avec le joli coeur.


Dans "le Printemps l'Automne et l'Amour" (1955) c'est presque le même thème : un fabriquant de nougat de Montelimar (Fernandel) sauve du désespoir et recueille une jeune femme qu'il épousera (Nicole Berger). En toute naïveté il la jette dans les bras de son professeur de piano dont il la tirera pour lui pardonner assumant ici encore la responsabilité de l'aventure de sa femme.




Le gentleman d'Epsom (1962) trace le portrait d'un arnaqueur (Jean Gabin) qui se fait passer pour un commandant de cavalerie en retraite et fin connaisseur en course de chevaux  pour distribuer a de crédules pigeons (dont Louis de Funes) des tuyaux plus ou moins fiables selon qu'il a besoin de les mettre en confiance ou de les plumer mais toujours avec classe et jamais sans panache. Pour mettre une dose de romance dans ce monde très masculin des hippodromes Grangier introduit de manière un peu artificielle mais non sans charme une scène ou le vieux parieur retrouve une femme qu'il a aimée (la sublime Madeleine Robinson) et l'invite dans un restaurant russe qu'il paiera bien sur avec un chèque en bois. 


Fais moi danser...


mardi 18 octobre 2011

SENEQUE-Lettres à Lucilius-Livre 1, Lettre 3

O mes amis, il n'y a nul amy !
  (Diogène Laërce - Vie d'Aristote)


SENEQUE
Lettres à Lucillius I-3



Achille pansant Patrocle
 (Intérieur d'une kylix attique à figures rouges)

[1] Epistulas ad me perferendas tradidisti,
Tu as confié les lettres que tu m’as écrites
ut scribis, amico tuo;
à quelqu’un que tu désignes comme ton ami ;
deinde admones me
Pourtant tu me conseilles
ne omnia cum eo ad te pertinentia communicem,
de ne point lui parler de toi trop intimement,
quia non soleas ne ipse quidem id facere:
car toi-même, tu t’en garderais.
ita eadem epistula
Ainsi dans la même lettre
illum et dixisti amicum et negasti.
tu dis qu’il est ton ami, et qu’il ne l’est pas.
Itaque si proprio illo verbo quasi publico usus es
Si tu emploies ce mot au sens large
et sic illum amicum vocasti
et dis que cet individu est ton ami,
quomodo omnes candidatos 'bonos viros' dicimus,
comme on dit "bonhomme" du premier venu,
quomodo obvios, si nomen non succurrit, 'dominos' salutamus,
ou comme on dit "Monsieur" au passant dont le nom nous échappe,
hac abierit.
alors, classons l’affaire.

[2] Sed si aliquem amicum existimas
Mais si tu tiens pour ton ami
cui non tantundem credis quantum tibi,
quelqu’un en qui tu n’as pas autant confiance qu’en toi-même,
vehementer erras
tu commets une grave  erreur,
et non satis nosti
et ignores encore
vim verae amicitiae.
la puissance de l’ amitié véritable.
Tu vero omnia cum amico delibera,
Avec un vrai ami, tu auras tout le loisir d’échanger des idées
sed de ipso prius:
mais avant cela, fais-toi une idée bien claire
de cet ami lui-même.
post amicitiam credendum est,
Une fois ami, accorde ta confiance.
ante amicitiam iudicandum.
Avant d’être ami, construis ton jugement.
Isti vero praepostero officia permiscent qui,
Ils font tout à rebours ceux qui,
contra praecepta Theophrasti,
ignorant les préceptes de Théophraste,
cum amaverunt iudicant,
ne réfléchissent qu’après avoir donné leur coeur
et non amant cum iudicaverunt.
et le reprennent dès qu’ils ont réfléchi.
Diu cogita
Prend ton temps pour décider
an tibi in amicitiam aliquis recipiendus sit.
S’il convient d’accepter l’amitié de quelqu’un.
Cum placuerit fieri,
Mais celui que tu prends pour ami
toto illum pectore admitte;
accueille-le sans aucune réserve.
tam audaciter cum illo loquere quam tecum.
et parle avec lui aussi franchement qu’avec toi-même.

[3] Tu quidem ita vive
Fais en sorte que dans ta vie
ut nihil tibi committas
tu ne sois mêlé à rien
nisi quod committere etiam inimico tuo possis;
à quoi tu ne puisse mêler aussi ton pire ennemi.
sed quia interveniunt quaedam
Mais comme toutes ces choses
quae consuetudo fecit arcana,
que l’usage veut qu’on garde secretes,
cum amico omnes curas,
partage avec ton ami toutes tes peines
omnes cogitationes tuas misce.
et toutes tes pensées.
Fidelem si putaveris, facies;
Le tenant pour loyal, tu le rendras tel.
nam quidam fallere docuerunt
Car d’aucuns ont provoqué la trahison
dum timent falli,
par la crainte qu’ils avaient d’être trahis
et illi ius peccandi suspicando fecerunt.
et par leur soupçons ils ont provoqué l’offense.
Quid est quare
A quoi bon
ego ulla verba coram amico meo retraham?
si devant mon ami tout n’est pas bon à dire ?
quid est quare
A quoi bon
me coram illo non putem solum?
si avec lui je ne suis pas comme avec moi-même ?

[4] Quidam quae tantum amicis committenda sunt obviis narrant,
D’aucuns racontent à tout venant ce qu’il convient de ne confier qu’à des amis,
et in quaslibet aures quidquid illos urit exonerant;
et se déchargent sur le premier venu de leur moindre tourment,
quidam rursus etiam carissimorum conscientiam reformidant et,
d’autres au contraire ferment leur cœur à ceux qu’il chérissent le plus et,
si possent,
si c’est en leur pouvoir,
ne sibi quidem credituri
n’ayant aucune confiance, jusqu’ en eux-mêmes,
interius premunt omne secretum.
garderont pour eux tous leurs secrets.
Neutrum faciendum est;
C’est tout un
utrumque enim vitium est,
et pareillement errer
et omnibus credere et nulli,
que d’accorder sa confiance à tous et à aucun.
sed alterum honestius dixerim vitium,
la première erreur est seulement plus honorable
alterum tutius.
et la seconde plus prudente.

[5] Sic utrosque reprehendas,
C’est pourquoi ils ont tort également,
et eos qui semper inquieti sunt,
et ceux qui toujours s’agitent,
et eos qui semper quiescunt.
et ceux qui toujours se tiennent cois.
Nam illa tumultu gaudens
Car se griser de mouvement
non est industria
ce n’est pas agir,
sed exagitatae mentis concursatio,
mais étourdir l’esprit dans le tumulte,
et haec non est quies
et ce n’est pas la paix
quae motum omnem molestiam iudicat,
qu’un train qui sent l’apathie,
sed dissolutio et languor.
mais tout au plus une lente agonie.

[6] Itaque hoc quod apud Pomponium legi
C’est pourquoi je soumets à ta réflexion
animo mandabitur:
ce que j’ai lu dans Pomponius :
'quidam adeo in latebras refugerunt
Certains se réfugient dans un retraite si profonde
ut putent in turbido esse
que pour eux tout est trouble
quidquid in luce est'.
jusqu’à la lumière du soleil
Inter se ista miscenda sunt:
Il convient de mêler ces deux choses :
et quiescenti agendum
l’oisiveté n’exclut pas l’action,
et agenti quiescendum est.
et l’action n’exclut pas l’oisiveté.
Cum rerum natura delibera:
Observe la nature :
illa dicet tibi et diem fecisse se et noctem.
tu verras qu’elle a fait et le jour et la nuit.
Vale.
 Porte-toi bien.
Achille et Patrocle jouent au Jeu des Villes,
ancêtre du jeu dames

dimanche 9 octobre 2011

LE PROUFIT DE L'UN EST DOMMAGE DE L'AULTRE.


Les Essais de Montaigne
LIVRE I, CHAPITRE XXII.
 
LE PROUFIT DE L'UN EST DOMMAGE DE L'AULTRE.



Demades, Athénien, condemna un homme de sa
ville qui faisoit mestier de vendre les choses nécessaires aux enterrements, soubs tiltre de ce qu'il en demandoit trop de proufit, et que ce proufit ne luy pouvoit venir sans la mort de beaucoup de gents. 
Ce iugement semble estre mal prins; d'autant qu'il ne se faict aucun proufit qu'au dommage d'aultruy, et qu'à ce compte il fauldroit condemner toute sorte de gaings. 
Le marchand ne faict bien ses affaires qu'à la desbauche de la ieunesse; 
le laboureur, à la cherté des bleds; 
l'architecte, à la ruine des maisons;
les officiers de la iustice, aux procez et querelles des hommes; 
l'honneur mesme et practique des ministres de la religion se tire de nostre mort et de nos vices;
nul médecin ne prend plaisir à la santé de ses amis mesmes, dit l'ancien comique grec ;
ny soldat, à la paix de sa ville : ainsi du reste.
Et qui pis est, que chascun se sonde au dedans, il trouvera que nos souhaits intérieurs, pour la pluspart, naissent et se nourrissent aux despens d'aultruy.
Ce que considérant, il m'est venu en fantasie comme nature ne se desment point en cela de sa générale police ; car les physiciens tiennent que la naissance, nourrissement et augmentation de chasque chose, est l'altération et corruption d'une aultre.

mardi 4 octobre 2011

Konya Mars 2002

Mosquée Ala'ad-Dîn,
le Qubba-i Hadra,
mausolée des sultans seldjoukides

Konya, anciennement Iconium, fut de 1074 à 1294 la capitale du sultanat seldjoukide, puis de l'émirat karamanide.
La dynastie seldjoukide fondée en 903 était issue d'une tribu nomade originaire de l'Asie centrale, au nord de la mer d'Aral. Convertis au sunnisme, les seldjoukides s'emparèrent de Bagdad en 1055, puis firent de Téhéran la capitale de leur empire. En 1071 leur chef, le sultan Alp Arslan, remporta contre l'empereur byzantin la bataille de Manzikert au nord de Van. Ainsi fut fondée la branche des seldjoukides d'Anatolie qui jusqu'en 1307 régna sur le sultanat de Rûm.

Etendue du sultanat seldjoukide de Rûm en  1190 

(L'étoile représente Konya, la capitale)

Quand Konya tomba aux mains des seldjoukides en 1080, la basilique chrétienne fut convertie en mosquée. A partir de 1155 des travaux d'agrandissement furent entrepris , en utilisant comme souvent à l'époque des colonnes et chapiteaux provenant d'anciens monuments byzantins. 

Dans la cour de la mosquée se trouvent deux mausolées dont le plus célèbre et le plus beau date de la seconde moitié du 12ème siècle et abrite les sarcophages des huit sultans ayant dirigé la dynastie seldjoukide de 1116 à 1284 ainsi que la tombe de Djalâl ad-Dîn Rûmî, (dit aussi Mevlânâ) grand mystique soufiste, fondateur de la confrérie des derviches tourneurs.

C'est une grosse tour ronde construit en 1274, dont la surface est couverte de cannelures revêtues de céramique verte, encerclée d'un bandeau bleu décoré d'une  superbe ligne de calligraphie, et surmontée d'un cône également cannelé de céramique verte, un des plus beaux monuments du pays, dont je ne suis jamais ressorti sans une intense émotion.







Décor mural peint-Calligraphie coranique

Décor mural en relief-Calligraphie coranique


la tombe de Djalâl ad-Dîn Rûmî




Sarcophages recouverts de broderie de fil d'or


A la tête de chaque tombe figure un turban


Lampes de mosquée en verre à décor de calligraphies


Panneau de bois sculpté



Calligraphie coranique brodée


Calligraphie d'entrelacs sur un axe de symétrie

Manuscrit :
Un pavillon entre deux cyprès et son parterre de tulipes


Karatay Medrese,
le portail de marbre polychrome

C'est l’une des plus belles écoles coraniques seldjoukides de Konya. Construite en 1251 par l’émir Celaleddin Karatay, elle vaut tout autant pour son architecture que pour le remarquable musée des Céramiques qu’elle abrite. Un sobre et majestueux portail de marbre polychrome ouvre sur une cour intérieure. Au fond, on pénètre dans une grande salle surmontée d’une coupole de 12 m de diamètre, raccordée aux murs par quatre pendentifs composés de cinq triangles. Dans les deux salles à gauche de l’entrée sont exposés de très beaux carreaux de faïence.